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Tout ce qui entoure le rugby et le stade rochelais, Frédo ( Tu m'as répondu dans le sujet " rochelais sympa" , ce n'est pas mal non plus, bon à prendre, car
rien ne doit être oublié dans une pareille épopée. Même les anecdotes peuvent être savoureuses, ne gaspillons pas, mangeons le monde !
Tiens, par exemple, il y a l'amour des boulangeries environnantes. Et des bons sandwiches aux saucisses dont nous nous privons depuis les 1/4 de finale. Cela existe autant que nous qui sommes faits de chair et de sang.

Hier, au moment de la remise de la Coupe, j'ai levé les yeux en direction des places les plus hautes de la petite tribune, et j'y ai vu une personne très active de ce forum manger son dernier pudding. Qui a remarqué ? Moi. J'ai participé à l'histoire de ces puddings puisque j'ai assisté à leur vente. Lorsque les joueurs saluent le public, on aimerait bien qu'ils nous remarquent particulièrement, alors on agite les bras, l'écharpe du stade que tous les fans possèdent, on brandit le poing en signe de victoire. Les applau' claquent, tout le monde se lève comme pour de la Danette. Je pense que le pudding serait une bonne façon de marquer sa différence et d'entrer en scène. Chaque joueur de la Rochelle aurait mérité sa part de pudding.

Plusieurs essais ont été manqués par l'équipe de la Rochelle, en seconde période. De peu. Nos joueurs progressaient, s'avançaient mais manquaient irrémédiablement la dernière marche, les derniers mètres. La petite tribune souffrait et soufflait en même temps, pour essayer de les pousser jusqu'au bout, au bonheur. De ce fait, naturellement, les gens se sont mis à se lever par réflexe, pour marquer eux-mêmes quelque chose. Les esprits. Malheureusement, cette spontanéité ne plaisait pas à tous, car l'impulsion sur nos jambes ne se justifiait pas ou plus. Et derrière Donnetonballon, c'est-à-dire derrière moi, se trouvait un manifestant, un contestataire. Au départ, il criait, mais bien vite, comme il se heurtait à la clameur des gens qui réclamaient debouts un essai, il s'est mis à hurler. Ce vieux loup devait avoir écumé toutes les mers du Sud, car il ne s'avouait jamais vaincu quand bien même personne n'y prêtait attention. Sa revendication tenait en un mot, ma foi fort compréhensible :

- Assis !

Et tandis que mon copain à la casquette entonnait son refrain fétiche " La Rochelle, La Rochelle, La Rochelle, La Rochelle, La Rochelle !" sans se rasseoir, ce qui présumait encore d'une certaine durée possible en station debout, le vieux, derrière, redoublait de violence dans ce qui paraissait une colère :

- ASSIS !

C'était épouvantable. Il agissait en véritable patron.

J'ai osé tourner plusieurs fois la tête en direction de cet homme qui désirait nous envoyer presque tous aux Assises. Je voulais comprendre cet ancien, peut-être n'y voyait-il plus rien dés que nous nous levions portés par la passion d'un instant que nous voulions magique ? Je voulais, moi, une argumentation solide de sa part.
Il s'est contenté pour toute réponse, de me regarder avec hargne, et ne cherchant pas d'histoires, je me suis obligé à fuir du regard cet incorruptible. Mon copain, à côté, commençait à lever les bras, ce qui le grandissait encore.
Donnetonballon n'est pas très grand : je ne mesure qu'un mètre soixante-quinze, et dans une foule, je sais me faire petit.

Comment allait réagir l'adversaire ? A présent, sa voix se brisait, et je n'entendais plus que quelques cris plus rauques, toujours à l'attention de la population en délire :

- Assis ! Assis !

Personne ne daigna lui dire qu'à cette heure, il aurait mieux fait d'aller se coucher.

Apeuré, je me serais bien consolé en avalant un sandwich aux saucisses. Hélas, comme je le précisais au début, les saucisses et les merguez semblent bouder le Stade Rochelais. Ce qui, vous l'admettrez ou non, est véritablement scandaleux. A la place, on a le droit à des sandwiches au pâté ou au jambon, réalisés
dans des baguettes sur plaque assez fades. Ca ne pue pas le barbecue, et c'est dommage. Bien sûr, hier soir, avec cette pluie, ce n'était même pas la peine d'y penser. Pourtant, bêtement, j'y avais longtemps pensé avant le coup d'envoi du match.

J'ai mordu dans deux sandwiches à la fois, le jambon et le pâté. Mais c'était au début, lorsque la foule s'agglutinait autour de moi. Des gens de toutes sortes venaient me marcher sur les pieds, et je n'appréciais guère ce va-et-vient permanent : Je ne souriais pas du tout, les décourageant de venir s'asseoir près d'un Donnetonballon qui n'aurait voulu en aucun cas se transformer en Donnetonsandwich !

Le gars à la casquette, mon pote, mon copain, maintenant rendu à jamais célèbre dans le forum du Stade dans le sujet " un rochelais sympa" m'a souhaité un bon appétit. A ce moment encore, il était très calme. Sa véritable nature de supporter passionné, je ne l'avais point encore découverte.

Mon premier sandwich manquait de pâté, et le second, de beurre. Les gens autour de moi, respectaient ma sandwicherie ambulante, tout de même. Il n'y a pas que des gens bons à la tête de l'art, certes, mais dans l'ensemble, je n'ai pas eu à me plaindre des quelques rares jambons de ma tranchée, à la tête de lard.

J'aurais dû partager mon repas avec mon pote. Mais non, impossible, il était déjà dans un autre univers, celui de " la gagne" pour la Rochelle, qu'il a pu soutenir tout le long, sans recourir à des thèses d'hypokhâgne.

Je l'aimais bien, ce copain.

Merci poete

bravo et encore, je prends mon pied et je me sens plus "intelligent" d'un coup !