Forum

L’ancien international découvre son métier avec enthousiasme, en dépit des difficultés inhérentes à sa nouvelle fonction



Depuis quelques semaines, une certaine nouveauté agite les compositions successives du Stade Rochelais. Ainsi, des joueurs estampillés arrière, comme Murimurivalu, ou ailier, comme Alofa, se sont retrouvés au centre. Avec bonheur. La patte de Patrice Collazo (40 ans) et Xavier Garbajosa (37 ans), deux coachs nourris par l'école toulousaine et les préceptes de Guy Novès. « Je ne vais pas renier mes origines, bien entendu. C'était un petit peu notre fil conducteur, ce jeu de mouvement sans avoir de numéro, si ce n'est sur la feuille de match, dans le dos, souligne l'ancien centre, ailier et arrière des Rouge et Noir. Après, il faut une prise de conscience collective, que ça puisse émerger chez tout le monde, pour que tout le monde y adhère. »

Et à l'image de Botia, qui a glissé à l'aile en Challenge, face à Bayonne, cela fonctionne. « Je suis amené à aimer ces joueurs au potentiel polyvalent. C'est important, jusqu'à un certain niveau. Mais les centres, ailiers et arrières ont la faculté, quel que soit leur numéro, de se déplacer un peu partout sur le terrain, d'amener une plus-value, de la vitesse ou une passe dans le bon tempo, apprécie-t-il. Ça étoffe leur jeu, ça leur permet de voir autre chose, de connaître les contraintes des autres postes. C'est une ouverture d'esprit qu'on essaie de leur donner. » Ainsi, ce soir, Alofa Alofa sera associé au centre au jeune Charles Bouldoire (18 ans), tandis que Levani Botia restera à l'aile.
« On se sent vivant »

Entraîneur en charge de la technique individuelle devenu responsable des trois-quarts rochelais après la mise à l'écart de Fabrice Ribeyrolles, Xavier Garbajosa savoure donc le fait que ses protégés parlent le même langage que lui. Même si ce n'est pas toujours simple, avec les très nombreux anglophones (Grant, Gard, Botia, Vuli Vuli, Alofa, Murimurivalu et, depuis cette semaine, l'Australien Hingano, joker médical de Canale) sous ses ordres : « On arrive quand même à se comprendre, dans un français approximatif et dans un anglais très approximatif (sourire). Et puis, ce sont des joueurs de haut niveau capables de s'adapter aux consignes. »

De son côté, Xavier Garbajosa essaie d'être le plus précis possible. « Je découvre jour après jour ce métier. J'ai la chance d'être bien épaulé avec Patrice (Collazo, NDLR), qui me permet de me nourrir de son expérience. Des erreurs, j'en fais, j'en ferai toujours, le but c'est de les voir, les comprendre, les assimiler pour ne plus les faire. Jusqu'à présent, je me régale. Je n'avais même pas imaginé un plaisir à ce point-là. »

Mais le Rochelais ne nie pas les difficultés de son nouveau poste : « En dix minutes, on peut passer par des émotions contradictoires, de l'euphorie à la colère, la passion, l'affect, les pleurs… Ça secoue, vraiment. Encore plus quand les matchs arrivent […] Peut-être que ça passe avec les années, mais quand je vois Patrice, je me dis que non (sourire). On se sent vivant, c'est vraiment le top. »

Et puis, l'ancien international toulousain (32 sélections) en profite pour apprendre… sur lui-même : « Les choix, c'est nouveau. Je me rends compte à quel point, quand j'étais de l'autre côté, je ne comprenais pas toujours. » Désormais, c'est à lui de gérer les frustrations dans un « groupe de compétiteurs nés ». Ce qui n'est pas sans rappeler quelqu'un.