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Le bon mix du Stade Rochelais, deuxième du Top 14
Impressionnant depuis un mois, le Stade Rochelais semble avoir trouvé un équilibre entre le style anglo-saxon de ses entraîneurs et sa culture du jeu dans le désordre.
La défense collective et agressive des Rochelais - ici Pierre Bourgarit (2), Zeno Kieft (à terre) et Wiaan Liebenberg - a permis aux Maritimes de n'encaisser que 3 points en première mi-temps à Pau la semaine dernière. (N. Luttiau/L'Equipe)
Yann Sternis
08 novembre 2020 à 00h25
Quatre victoires de suite, des essais en pagaille, la 2e défense du Championnat et la 2e place au classement avant les matches du week-end. Le bilan automnal du Stade Rochelais frise la perfection. De quoi entretenir la bonne humeur cette semaine dans un Apivia Parc baigné de soleil. Sans s'enflammer, joueurs et entraîneurs soulignent ici les progrès réalisés par une équipe classée 5e la saison passée avant l'interruption du Top 14, mais qui avait manqué de constance. Ces dernières semaines, les Rochelais sont apparus plus confiants, plus réguliers. Et convaincus par leur projet de jeu.
Système de défense : « C'est de l'attaque sans ballon »
Depuis la fin de sa carrière de joueur, en 2013, l'entraîneur irlandais de la Rochelle, Ronan O'Gara, s'évertue à élaborer les systèmes défensifs les plus hermétiques, au Racing 92 puis chez les Crusaders. Mais ne lui parlez pas de défense. « C'est de l'attaque sans ballon, conceptualise-t-il. Réfléchir de cette manière permet de créer un état d'esprit. » Concrètement, lors de leurs quatre derniers matches, les Maritimes, lorsqu'ils étaient privés du ballon, ont souvent réussi à asphyxier leurs adversaires. Et le fait que La Rochelle soit la deuxième équipe du Top 14 à avoir le moins la possession cette saison ne relève pas du hasard.
« Je sais exactement ce que veulent les bons joueurs : de l'espace et du temps, développe Ronan O'Gara. Le but, c'est de ne pas en donner à nos adversaires. » Pour cela, les Jaune et Noir s'appuient sur un rideau défensif agressif et compact. « Les entraîneurs nous demandent de monter vite, d'aller chercher les attaquants, confirme le talonneur Pierre Bourgarit. Mais il faut qu'on soit tous ensemble sur une même ligne, ce qu'on travaille beaucoup à l'entraînement. »« Le plus important, c'est de faire les choses ensemble, soutient O'Gara. Si, dans la ligne, seulement dix joueurs sur treize sont connectés, on est morts. La force est dans ce mur. On n'a pas besoin de héros, on a besoin de mecs forts dans le système. Il a fallu convaincre tout le monde de faire la même chose ensemble. Ça a été difficile, il y a eu des échecs. »
De fait, la saison dernière, la première d'O'Gara au club, les Rochelais ont mis du temps à digérer ce système exigeant, réclamant de la coordination, nécessitant d'avoir une vision globale, un oeil sur l'adversaire, un autre sur le ballon. « Pour moi, on n'est qu'à la moitié du processus, mais c'est clair qu'actuellement mon équipe n'a pas peur de défendre, estime l'ancien ouvreur de l'Irlande. J'ai des joueurs, à l'image de Wiaan Liebenberg, qui sont très forts dans le jeu sans ballon. Ça marche bien, mais on parle seulement de six matches, il faut continuer. »
Jeu au pied : « Beaucoup d'alternances »
Jules Plisson a eu beau commencer les deux premiers matches de la saison sur le banc - Ihaia West lui étant préféré avant de se blesser à une main -, il est quand même le deuxième joueur du Top 14 à avoir le plus joué au pied (95 fois) en ce début d'exercice. « Il y a beaucoup d'alternances, reconnaît Ronan O'Gara. On a évolué dans ce domaine, et on va continuer d'évoluer, parce qu'il ne faut pas devenir prévisible. Mais pour le moment, notre alternance est intéressante. Je parle beaucoup avec Jules, Ihaia et mes numéros 9. Je trouve qu'on s'est amélioré sur nos prises de décision. »
Que West ou Plisson soient à la manoeuvre, c'est toute la palette du jeu au pied qui est utilisée, du petit par-dessus ou coup de pied rasant pour éviter la montée de la défense adverse (et parfois marquer, comme Geoffrey Doumayrou à Bayonne) au gros coup de pied de dégagement. « On a deux bons botteurs, apprécie Bourgarit. Quand on est dans nos 22 et qu'après un coup de pied on se retrouve dans les 22 adverses, ça nous fait beaucoup de bien. »
Ballons de récupération : « Scanner les situations »
Prisé par les Rochelais, le jeu dans le désordre n'a pas disparu. Mais il a été affiné. « C'est une partie de l'identité du club, avance Bourgarit. On aime les ballons de récupération. Bien sûr, on a des structures de jeu définies quand les ballons sont arrêtés, mais on bosse aussi beaucoup le jeu dans le désordre à l'entraînement, notamment en étant dans le rouge physiquement, pour réaliser les bons choix tactiques, techniques. »
Le staff rochelais ne veut pas brider l'inspiration de ses joueurs, mais leur apprendre à mieux faire le tri dans les situations. « Les Français adorent les offloads, sourit O'Gara. Je crois vraiment aux passes après contact, mais avec un astérisque derrière qui mentionne : à pratiquer quand les conditions le permettent. Je demande aux joueurs de scanner les situations. Ils doivent se demander, est-ce que je dois vraiment faire un offload là ? Ou attendre la phase d'après ? »
Un travail qui paye chez des Rochelais particulièrement efficaces pour punir les erreurs adverses et qui marquent 34 points de moyenne par match (2e meilleure attaque). « Il n'y a pas vraiment de restriction, reprend Bourgarit. Si un ballon de récupération est bon à jouer, même dans nos 22, on va le jouer. S'il ne l'est pas, on va mettre un gros jeu au pied et on fera ce qui est notre force depuis ce début de saison : défendre et ne pas encaisser. »
publié le 8 novembre 2020 à 00h25