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The team (JBE)
Envoyé par: barracudas (172.19.0.---)
Date: Wednesday 19 May 2021 19:10:49

Toulouse ou La Rochelle, pour Jean-Baptiste Élissalde, « c'est comme choisir entre tes deux gosses »
Formé à La Rochelle, club profondément mêlé à son histoire, l'ancien international a ensuite passé quinze ans à Toulouse, où joue l'un de ses fils. Il raconte un destin familial unique et son attachement indéfectible aux deux clubs opposés samedi en finale de la Coupe d'Europe.

« Il y a une date marquante dans votre carrière : le 24 février 2001, La Rochelle reçoit Toulouse. Au bout des arrêts de jeu, vous claquez un drop victorieux qui permet aux petits Rochelais de battre les grands Toulousains...
Personne ne s'en souvient mais cinq minutes avant ce drop, j'en tente un... Une saucisse ! (sourire) Pour moi, ce match était particulier. Toulouse m'avait contacté quelques semaines auparavant. Mon père (Jean-Pierre Élissalde) était mon entraîneur à La Rochelle. Avec lui et toute une génération, on avait connu le groupe A2, la montée, les play-downs... Et ce jour-là, on bat Toulouse pour la première fois dans l'ère professionnelle.

Vous avez alors 23 ans. Que représente le Stade Rochelais dans votre jeune histoire ?
En fait, ce n'est pas mon histoire, mais celle de ma famille. Entre mes grands-pères et mon père, ça fait 50 ans d'Élissalde au club. Et moi, j'arrive là. On dit que je joue parce que je suis le fils de. Quand mon père m'a mis en première, c'était chaud. Il avait dit aux joueurs : "Je vais être dur avec mon fils. Mais vous allez tous être mes enfants, je vais tous vous aimer comme lui, et je vais être dur avec tout le monde."

Ah oui ! Imaginez : enfant, tous les dimanches, je mangeais chez mes grands-parents Élissalde, puis je partais avec mon grand-père dans son Autobianchi pour voir le Stade Rochelais et mon père. Au stade, je m'asseyais à côté de mon grand-père, qui parlait aux gens autour comme s'il faisait la messe. Au mur de la maison, il y avait des photos de mon père et de mon oncle Lucien, avec mon grand-père, sur le balcon de la mairie avec un trophée. J'étais imprégné de cette histoire. Je m'y suis intéressé, pour savoir comment mes grands-pères s'étaient retrouvés là, comment mes parents se sont rencontrés. Mes deux grands-pères s'étaient connus gamins, au Pays basque. Adulte, Arnaud Élissalde est arrivé à La Rochelle. Il est allé voir le club de rugby, c'était un désert. Il a créé l'école de rugby, et il a fait venir des potes du Pays basque pour jouer. Dont Laurent Bidart, qui deviendra international. Et qui aura une fille, ma mère.

« Le lundi midi, c'était le repas familial. À table, ça refaisait les actions avec les peaux de clémentine »
Arnaud Élissalde était une figure.
Il m'a fait l'école de rugby dans le jardin. Il me disait : "Un ballon, ça se donne avec les mains, ça s'offre avec les doigts." À l'époque du collège, le lundi midi, c'était le repas familial. À table, ça refaisait les actions avec les peaux de clémentine. Mon grand-père ne supportait plus qu'un attaquant aille au sol. Il parlait du demi-tour contact, quand un joueur percutait et se retournait pour rendre le ballon disponible. Plus tard, en voyant le Toulouse des années 1990 jouer comme ça, je me souvenais que mon grand-père m'en avait parlé, sur le canapé en cuir, en regardant des cassettes.

Compte tenu de cette histoire familiale, vous imaginiez quitter La Rochelle un jour ?
Mon rêve, inconsciemment, c'était de rester et de monter beaucoup plus haut avec ce club. Ensuite, il y a eu les premiers contacts. Puis il est arrivé un moment où, dans notre histoire commune avec mon père à La Rochelle, on était allés au bout du truc. Il m'a dit : "Ton choix sera le bon, fonce." Un truc de papa. Et j'ai signé à Toulouse, sans même regarder les avenants (rire).
Quand vous rejoignez Toulouse à l'été 2002, La Rochelle descend.
Ça a été douloureux. Lors d'un match à Dax, on était quasiment condamnés, mais je me fais contrer, et on perd. Je sais que je pars. C'est dur. Pour moi, pour mon père, pour le club. J'ai l'impression de ne pas avoir fait ce qu'il fallait.

À vos yeux, que représentait Toulouse ?
Je savais que mon père, quand il jouait, s'était battu avec Guy Novès, avec Philippe Rougé-Thomas (sourire). En juin 2001, j'assiste à la finale avec mon père. Et là je mesure que Toulouse, c'est le Stade de France, une équipe bardée de talents, qui gagne des titres... Quand j'arrive (pour la saison 2002-2003), je découvre un vestiaire, avec Pelous, Garbajosa... Han ! En plus, j'étais celui qui était parti en toupie parce qu'il avait mis le drop de la victoire deux saisons plus tôt avec La Rochelle, et des mecs comme Yannick Bru ne l'avaient pas forcément bien perçu.

Le lien affectif avec le Stade Toulousain s'est-il noué rapidement ?
Ça s'est fait quand on a gagné un titre. Quand tu vois le Capitole plein, tu t'identifies et t'as qu'une envie, c'est de recommencer. Je n'ai pas fondamentalement appris le rugby à Toulouse. Mais j'ai appris la gagne. L'exigence extrême.

Avec Guy Novès, aviez-vous trouvé un autre père ?
Quand j'ai eu des soucis avec mon premier fils, Guy a été d'une aide incroyable. La famille est très importante pour lui, et le club était sa famille. Je comprenais ça parce que je l'avais vécu à La Rochelle. Mais ça n'allait pas jusqu'à être un second père pour moi.

« Quand mon fils me parle du coup de pied de Romain Ntamack, je me revois parler du coup de pied de Jeff Bouché à mon père »
Vous n'avez jamais rejoué à La Rochelle, mais vous avez dit que si cela s'était présenté, vous auriez mis le maillot jaune et noir sous celui de Toulouse.
Au moins un tee-shirt avec l'écusson de La Rochelle. Un discours de mon père m'avait marqué. Il nous avait dit : "Sous le maillot de La Rochelle, vous avez toujours le maillot de votre premier club." Ça m'avait touché. J'y avais réfléchi, je regardais si La Rochelle remontait... C'est pas arrivé. Mais je suis souvent revenu. À chaque fois, ça m'émeut. Il y a quatre ans, j'étais allé voir Patrice Collazo, et il y avait dans les vestiaires une photo de mon grand-père qui tendait le ballon à un enfant.
Après quinze saisons là-bas, que représente Toulouse à vos yeux ?
Le club de mon fils, et je vois en Sacha l'amour pour le Stade Toulousain que je pouvais avoir, gamin, pour le Stade Rochelais. Quand il me parle du coup de pied de Romain Ntamack, je me revois parler du coup de pied de Jeff Bouché (ancien ouvreur rochelais) à mon père. Parfois, il me regarde bosser sur de la vidéo, et je me dis que c'est la même chose que moi lors des déjeuners de famille avec les peaux de clémentines.

L'affiche de cette finale de Coupe d'Europe vous ramène-t-elle à votre histoire personnelle ?
Non. Pour l'article, c'est pas super (rire). Après, forcément, entre les deux, mon coeur balance. C'est comme choisir entre tes deux gosses. Tu ne peux pas. Quoiqu'il arrive, je serai heureux à la fin. »

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