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Romain Sazy, capitaine de La Rochelle : «On ne veut pas revivre ce moment»
Le capitaine du Stade Rochelais, appelle à utiliser la frustration née de la finale européenne perdue pour rebondir et aller chercher le titre en Top 14.

Comme la plupart de ses coéquipiers, Romain Sazy (34 ans, au club depuis 2010) est apparu mercredi lors de la journée presse du Stade Rochelais encore marqué par la finale de Coupe d'Europe perdue contre Toulouse (17-22), samedi à Twickenham. Physiquement comme moralement, ce match a laissé des traces et le deuxième-ligne ne les masque pas. Mais il réaffirme aussi les ambitions d'un groupe qui ne conçoit pas une fin de saison sans titre.

«Après la finale, Jono Gibbes avait estimé que le groupe aurait besoin de quarante-huit heures avant de repartir. Ce délai passé, comment vous sentez-vous ?
La déception a été grande. On a mis du temps à évacuer. Hier (mardi), on a eu un entraînement collectif qui a fait du bien à tout le monde. On a retrouvé des sensations de groupe, le ballon, on a transpiré un peu.


Que retenez-vous de cette finale ?
C'est délicat (il marque un silence). En arrivant à ce niveau de la compétition, ce que tu ne veux pas, c'est ce qui s'est passé pour nous. Aller en finale et ne pas gagner, rentrer avec une petite médaille, c'est très très dur. Ce titre, le club et les joueurs en avaient vraiment très envie, et même besoin.

Carrément besoin ?
On est des compétiteurs, mais encore plus cette saison. Avec le Covid, on a été privés de beaucoup de choses, c'est la saison la plus longue qu'on ait vécue. On a besoin d'être payés, d'être récompensés. Cet aboutissement, c'est une obsession. On vient de toucher du doigt un titre européen. On voulait ramener le trophée sur le Vieux-Port, revivre cette émotion qu'on avait eue en 2014, quand on était montés en Top 14. Pour être unis à jamais, marquer l'histoire du club. Là, on n'est pas passés loin. Maintenant, il faut faire les choses dans l'ordre.

Revoir votre match lundi lors du débrief vidéo a été douloureux ?
Ça a fait mal, on s'est aperçu qu'on avait le moyen de gagner. On a vu les opportunités qu'on avait laissées. La frustration est encore plus grande. C'est dur à encaisser, mais j'espère qu'on aura d'autres occasions. C'est l'objectif. On ne veut pas revivre ce moment, regarder une équipe soulever un trophée sous nos yeux. À la fin du match, il y avait des visages fermés, des larmes. Il faut se servir de ces images, de cette frustration emmagasinée, pour atteindre nos objectifs en Championnat. Je ne suis pas inquiet, on va vite basculer.

Quand Levani Botia a été expulsé (28e), avez-vous repensé au carton rouge de Pierre Aguillon en demi-finales de Top 14 en 2017 contre Toulon (15-18) ?
Oui, ça m'a traversé l'esprit. Je me suis dit : c'est reparti. Mais je sentais les mecs prêts. On était bien rentrés dans le match, j'y croyais dur comme fer même à 14. On s'est resserrés, on a fait front. C'est le destin. Pierre (Aguillon) se blesse la semaine avant la finale (contre Agen, 59-0), "Leps" (le surnom de Botia) prend sa place et prend un rouge... Je me suis dit que l'histoire était écrite comme ça. Je pensais que la fin pouvait être heureuse malgré tout. Quand tu y penses, c'est bizarre. Et s'il y en avait un qui voulait jouer cette finale, c'était bien Pierrot. Il n'a même pas pu venir à Londres, ça a été un déchirement. Mais on n'en veut pas à Leps. Ça prouve la force du groupe cette année.

Justement, dans quel état se trouve Botia ?
Le fait de jeu est regrettable, lui le premier s'en veut énormément. Il s'est excusé auprès de tout le monde. C'est dur pour lui, mais on sait ce qu'il a fait pour le club. Pas un seul mec lui a adressé des reproches, on n'y aurait même jamais pensé. Quand il est arrivé au club en 2014, l'année de la montée (victoire en finale d'accession contre Agen, 31-22), il nous avait métamorphosés. Je me souviens de son premier match à Colomiers (le 29 mars, 25e j. de Pro D2, victoire 20-14). Il ne restait alors que quarante jours de compétition. Il les a faits avec nous et il avait roulé sur tout
le monde. On est peut-être montés grâce à lui, il nous a fait gagner des dizaines de matches depuis. On gagne ensemble, on commet des erreurs ensemble, on perd ensemble.

Quand vous êtes arrivés à l'aéroport de La Rochelle dans la nuit de samedi à dimanche, avez-vous été surpris par l'accueil de vos supporters, venus en nombre ?
On a atterri, on était frustrés, il pleuvait... on s'est dit qu'il n'y aurait que dix irréductibles supporters. Et là, il y avait peut-être 300 personnes, énormément de monde, des fumigènes... Ils nous applaudissaient comme si on allait jouer un match. Leur ferveur est démesurée, ils sont fidèles. J'ai entendu qu'ils avaient attendu deux heures sous la pluie pour nous voir cinq minutes. Alors on n'a qu'une envie, c'est de les remercier et les récompenser. Oui, à un moment donné, il va falloir récompenser ce club, c'est certain.»

Merci le poisson des iles
Il faudra le garder à la com quand il prendra sa retraite, il s'exprime bien

Merci, juste super de lire ce Monsieur.

Aussi performant sur le terrain que leader en dehors, sacré bonhomme...

Ça me bouleverse de lire ça, trop dur, trop injuste