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La nouvelle vie de Donnacha Ryan, ancien joueur du Racing désormais entraîneur des avants de La Rochelle
Deuxième-ligne du Racing jusqu'à l'été dernier, l'Irlandais est devenu sans transition cette saison entraîneur des avants de La Rochelle, qui reçoit le Racing ce samedi (17 heures). En apprenant sur le tas son nouveau métier.
C'est alors qu'il vivait ses dernières minutes sur un terrain, maillot ciel et blanc sur le dos, que Donnacha Ryan a eu un aperçu de sa future vie rochelaise. La première période entre le Racing 92 et les Maritimes touchait à son terme, le 18 juin dernier, à Lille, à l'occasion de la première demi-finale de Top 14, et l'Irlandais venait de rentrer sur le terrain, remplaçant Dominic Bird, lorsque plusieurs de ses adversaires du jour sont d'entrée venus le taquiner. « Hello coach », lui a notamment lancé Will Skelton, alors que l'arrivée du Racingman dans le staff de Ronan O'Gara pour la saison 2021-2022 avait déjà fuité.

L'Australien et ses partenaires avaient ce soir-là fait plier les Franciliens (19-6), mettant fin par ricochet à la longue carrière de Ryan, joueur loué pour son intelligence de jeu et son engagement. De cet épisode, l'Irlandais de 38 ans ne garde pas un si mauvais souvenir. « Quelques joueurs m'avaient parlé avant ma première mêlée... Mais c'était des plaisanteries, de la bonne humeur, c'est pour des choses comme ça que j'aime bien le rugby », sourit-il avant de s'esclaffer : « Quand tu as un visage comme le mien, tu peux t'attendre à recevoir beaucoup de bonnes blagues. »
En troquant sa tenue de joueur contre celle de technicien, Ryan n'a perdu ni sa bonhomie ni son autodérision. « Je parle français comme une vache espagnole, désolé pour mon accent », s'excuse-t-il. À La Rochelle, il est en revanche en apprentissage permanent et accéléré de ses nouvelles fonctions, lui qui n'avait pas programmé de devenir entraîneur. « Le passage de joueur à coach s'est passé très rapidement, reconnaît-il. Je commets beaucoup d'erreurs, comme tout le monde, mais le plus important est d'apprendre. »

« Je ne veux pas faire perdre de temps aux joueurs. »

Donnacha Ryan
Ryan est en charge des touches offensives et des rucks des Maritimes. Il fait également travailler l'équipe sur l'efficacité dans les zones décisives, un secteur qui avait été défaillant en début de saison. Du haut de ses dix-sept années d'expérience de joueur pro (dont treize au Munster) et de ses 47 sélections avec l'Irlande, l'ancien deuxième-ligne a de quoi transmettre.
Encore faut-il savoir le faire. Conscient de la difficulté de la tâche, Ryan suit cette année une formation d'entraîneur (le Dejeps, un diplôme d'État jeunesse d'éducation populaire et sport rugby) auprès du Creps de Montpellier. « Je ne veux pas faire perdre de temps aux joueurs, donc il faut être clair, organisé, leur dire ce qui marche, ce qui ne marche pas, souligne-t-il. La clé, c'est la façon de leur présenter les informations. S'il y en a dix ou quinze à donner, quelles sont les plus importantes. Mon objectif est de retenir deux ou trois points clés et rappeler que l'important dans notre sport est d'être agressif. Si les joueurs sont au clair dans leur tête, ils vont pouvoir être plus efficaces. »

«Il apprend sur le tas, il a une bonne relation avec tout le monde, ça va le faire.»

Pierre Bourgarit, talonneur de La Rochelle
« Pour Donnacha, ça n'a pas dû être facile de passer de joueur à entraîneur en un été, estime le talonneur rochelais Pierre Bourgarit. Forcément, il lui a fallu du temps pour prendre ses marques. Ce n'est pas la même approche du rugby quand on est joueur ou entraîneur. Mais ce n'est pas grave si on passe un peu de temps en plus à se parler, il apprend sur le tas, il a une bonne relation avec tout le monde, ça va le faire. »
En cette fin de saison, l'expertise de l'Irlandais ne sera pas de trop pour des Rochelais actuellement classés hors du top 6. « Pour les touches offensives et les rucks, ça a pu être un peu compliqué en début de saison, parce que j'apprenais de nouvelles structures, reprend Ryan. Mais je pense que nous avons progressé, tout le monde a pu s'améliorer, connaître mieux son rôle. » Lui le premier.