Forum

En Coupe d'Europe comme en Top 14, La Rochelle a dominé le derby de l'Atlantique face à Bordeaux-Bègles
Comme chez eux à Chaban-Delmas, les Rochelais ont réalisé une démonstration de force contre l'UBB et se sont grandement rapprochés d'une qualification pour les quarts de finale.
Au coup de sifflet final d'un match à sens unique, le langage corporel des joueurs des deux équipes en disait autant que les chants dégringolant des gradins. Dans les rétines, des Bordelais dépités, fatigués, scrutant le moindre détail de leurs chaussures et des Rochelais marqués mais la tête haute, venant saluer leurs adversaires. Dans les oreilles, des « ici, ici, c'est La Rochelle », déjà entendus après chaque essai et temps forts des Maritimes et qui ont souvent recouvert les murmures inquiets des supporters locaux. « J'ai moi aussi entendu quand ils ont chanté ça, c'était incroyable, parce que malgré tout, ce n'était pas La Rochelle mais Bordeaux », en rigolait après match l'ailier Raymond Rhule.
Le premier épisode de la trilogie du derby de l'Atlantique avait été marqué le week-end dernier par un bras de fer remporté sur le fil par les Rochelais (16-15) et par l'accrochage entre Christophe Urios et Ronan O'Gara au bord de la pelouse. Celui de samedi, que le manager irlandais a dû suivre depuis les tribunes, où il était suivi comme son ombre par le directeur sportif du club, Robert Mohr, a accouché d'une démonstration des visiteurs (31-13), idéalement partis pour se qualifier.
Rarement cette saison les partenaires de Will Skelton se sont montrés à la fois aussi complets, équilibrés, tranchants qu'hier. D'autant que d'une semaine girondine sur l'autre, ils ont su gommer leurs lacunes (moins d'indiscipline, touche performante). Leur prestation pleine rappelle d'ailleurs celle de l'an dernier à Chaban (11-26 le 27 mars 2021). Une victoire qui les avait à l'époque lancés à vive allure dans leur sprint de fin de saison et ses deux finales perdues. Samedi aussi, les Rochelais ont frappé les esprits et affiché leur montée en puissance, eux qui ont remporté six de leurs sept derniers matches toutes compétitions confondues et signé un quatre sur quatre en Coupe d'Europe cette saison.
Peu spectaculaires, leurs derniers succès, avant tout basés sur leur solidité défensive, avaient eu le mérite de nourrir leur compteur points et de gonfler leur capital confiance. Le jeu sans ballon des Maritimes, avec des montées en ligne rapides et des rucks toujours contestés, a encore une fois représenté un problème insoluble pour les Bordelais. Les longues minutes passées par ces derniers dans les cinq mètres rochelais en fin de première mi-temps et qui se sont achevés par un arrachage de ballon colossal d'Alldritt ont à ce titre représenté un tournant.
« Notre défense de la ligne en fin de première période a été un des moments clefs de la rencontre, confirme le capitaine rochelais, les joues encore rougies par le combat. On a montré notre caractère et prouvé que notre défense est très importante pour nous. Le jeu au sol, c'est notre ADN, on le travaille depuis deux ans, ça paye. On a également cette volonté de produire du jeu, on a bien trouvé nos ailiers pour avancer, ça facilite le travail. »
Les Rochelais ont en effet ajouté samedi à leur panoplie une meilleure maîtrise de leurs temps forts et des séquences offensives de haut vol, certes contre une formation visiblement dans le dur. Les essais de Rhule (22e) et de Jonathan Danty (54e), survenus après plusieurs temps de jeu, des passages au large à gauche, puis à droite, en ont été la brillante illustration. « Notre défense est notre identité mais jouer l'est aussi, les conditions étaient réunies », a apprécié l'ailier sud-africain.
Rendus méfiants par leur inconstance récurrente cette saison, les Maritimes sont toutefois venus en conférence de presse pour délivrer un message d'humilité. Quitte à surjouer la prudence. « On a passé un bon après-midi aujourd'hui, mais on connaît l'exigence de la Coupe d'Europe, on va garder les pieds sur terre, savourer ce soir puis temporiser », explique tout bas Romain Carmignani, l'entraîneur adjoint des avants. « Je trouve qu'on prend encore aujourd'hui (hier) des essais trop facilement, ajoute Alldritt. Depuis le début de saison, on a tendance à alterner le bon et le moins bon, j'espère qu'on va rester dans le droit chemin. » Le bout de la route vaut le détour.

Merci, très bon article qui résume bien la situation.

Merci barracudas

merci très bon article .

Ce n'est pas parce qu'il est violent que j'aime le rugby, c'est parce qu'il est intelligent.