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Teddy Thomas à La Rochelle, un nouveau défi pour rebondir
Après huit saisons passées au Racing 92, l'ailier international a rejoint cet été le Stade Rochelais pour donner un nouvel élan à sa carrière. À un an du Mondial, il espère y retrouver la confiance, et assure être prêt à y donner le meilleur de lui-même.
C'est un petit bizutage pour un gros changement de vie. Teddy Thomas, qui a rejoint La Rochelle ce été, sourit et pointe son arcade sourcilière gauche, où apparaît une très légère encoche verticale. « Ce n'est pas une cicatrice, j'ai dû me raser, concède l'ancien joueur du Racing 92. Nous (les recrues) avons eu droit à quelques petits bizutages mais ça va, ils ont été cléments et on a surtout fait un gros dîner avec tout le groupe où on a appris à se connaître, c'était top. Sortir de sa zone de confort, c'est aussi passer par toutes ces petites choses qui font que tu es nouveau et que tu restes à ta place. »

L'ailier de 28 ans avait davantage pris l'habitude d'intégrer que d'être intégré. L'international (28 sélections) avait débarqué au club francilien tout jeune, en 2014, et y est resté huit saisons, inscrivant une ribambelle d'essais, participant à de nombreuses épopées (trois fois finaliste de Coupe d'Europe) sans pour autant garnir son palmarès autant qu'il l'aurait espéré (champion de France 2016, mais sans avoir participé à la finale). Il garde de cette expérience francilienne des « super souvenirs » mais quitte les Ciel et Bleu sans regret, avec l'impression d'être arrivé en fin de cycle.
« C'était le moment, tranche-t-il. J'ai fait ce que j'avais à faire, je pense que je n'aurais pas pu plus apporter au Racing, j'étais très lucide sur cette situation-là. J'ai toujours des liens avec les joueurs avec lesquels j'ai évolué, j'ai adoré tout ce que j'ai pu faire au Racing et à Paris. Je n'oublierai jamais ce club, mais c'est derrière moi, je suis Rochelais maintenant. En observant tous les joueurs qui ont quitté le Racing, je pense que c'était la fin d'une ère. J'avais besoin de changer d'environnement pour donner la meilleure version de moi-même. »
Un joueur en quête de constance
Ces derniers mois, sa carrière semblait effectivement en perte de vitesse. Malgré des coups d'éclat réguliers, entre accélérations fulgurantes et efficacité dans le dernier geste (dix essais au total la saison dernière toutes compétitions confondues avec le Racing, en seize matches disputés), le joueur, pas épargné par les blessures et qui n'est plus apparu en équipe de France depuis l'été 2021, a aussi trop souvent fait preuve d'inconstance. Les Rochelais, qui l'avaient vu oublier Juan Imhoff sur son aile à moins d'un quart d'heure de la demi-finale de Coupe d'Europe au printemps dernier (13-20, à Lens), peuvent en témoigner.

« Il n'y a pas beaucoup de joueurs dans le monde avec le potentiel de Teddy, mais il a un peu perdu de la constance. Il est hyper fort une semaine et l'autre, il fait un peu dodo »
« C'est à nous (au staff) de l'aider, on doit le tirer vers le haut, on ne connaît pas ses limites, il est capable de faire des choses que peu sont capables de faire sur un terrain, il faut trouver le déclic pour ça. Pour moi, c'est un homme un peu incompris, il est hyper humble, avec un bon coeur, je vais me battre pour lui », assure le technicien.

Comme il l'avait fait avec Brice Dulin - autre transfuge du Racing - il y a deux ans, O'Gara veut donc redonner un coup de fouet à la carrière de l'international. La présence de l'Irlandais, ancien entraîneur adjoint en charge de la défense du club des Hauts-de-Seine, a d'ailleurs été un élément déterminant dans la réflexion de Thomas. « On avait une très bonne relation quand on s'est côtoyés, souligne l'ailier. Il dit les choses, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Et puis, je suis content de retrouver aussi dans le staff Donnacha (Ryan, entraîneur des avants), avec qui j'ai joué et j'adorais passer du temps, et Romain Carmignani (autre entraîneur des avants) , que je connaissais un peu aussi. »
Un système défensif à intégrer
Surtout, O'Gara a convaincu le joueur qu'il pouvait le relancer vers les sommets : « En fin d'année dernière, au moment où j'ai décidé de venir à La Rochelle, on a beaucoup échangé avec Ronan, sur le futur qu'il voyait pour le club, les moyens qu'il pouvait mettre pour m'intégrer à ce futur. Il m'a dit qu'il pouvait faire de moi un des meilleurs joueurs si je m'en donnais les moyens. À moi de changer certaines choses dans mon jeu pour être plus performant et plus constant, surtout. Il faudra beaucoup de rigueur, que je travaille plus dur que les autres, avoir un physique sain, ne pas être blessé. Quand tu te blesses, tu perds confiance en toi, tu dois prouver, retrouver le niveau. C'est ça qui est dur. J'espère qu'ici, je pourrai avoir une confiance qui grandit de week-end en week-end. »

« Ne pas aller au Japon a été dur à avaler mais je suis passé à autre chose »
Comment s'intégrera-t-il à l'exigeant système défensif rochelais, lui dont les lacunes dans le secteur ont régulièrement été pointées du doigt ? « En faisant de la vidéo, en échangeant avec Ronan, en répétant mes gammes semaine après semaine, pour que les choses deviennent les plus naturelles possible », réplique Thomas, qui, d'après son manager, pourrait connaître une période d'adaptation. « Il repart de zéro et il va, je pense, avoir quelques mois frustrants, estime l'Irlandais. Mais il veut absolument progresser, il est ouvert, il a l'instinct, la vitesse, la puissance, le rugby. Il a juste besoin d'avoir confiance en son corps et de répéter les scénarios qui peuvent arriver en match. »

« Même s'il n'est pas vieux, il a pas mal d'expérience, ajoute Pierre Bourgarit, talonneur du Stade Rochelais. Il va apporter de la sérénité derrière, où on a perdu des joueurs qui nous en apportaient, comme Jérémy (Sinzelle) et Iahia (West). Et il peut nous apporter un peu de folie sur le terrain.
Un « vrai nouveau départ »
En attendant de porter pour la première fois les couleurs rochelaises en match de préparation, demain à Marcel-Deflandre contre le Stade Français puis dans dix jours pour l'ouverture du Championnat contre Montpellier, l'ailier s'adapte à sa nouvelle vie. « Ça fait cinq semaines que je suis ici, je découvre la ville, je n'étais jamais venu, mis à part pour jouer, avance-t-il. C'est un vrai nouveau départ et c'est très dépaysant par rapport à Paris. Je me rapproche de Biarritz, où j'ai grandi et où j'ai ma famille. Je retrouve aussi une vie plus locale, plus saine et plus simple, ça ne peut qu'être bénéfique. J'espère pouvoir relever les défis qui seront mis sur ma route et rendre leur confiance à ceux qui m'en ont accordé. »

Teddy Thomas sait aussi que le chemin d'un retour en équipe de France à bientôt un an de la Coupe du monde - compétition à laquelle il n'a jamais participé - passe nécessairement par ce rebond rochelais. « Bien sûr, ça m'a peiné de ne pas faire partie des derniers regroupements des Bleus, admet-il. Ne pas aller au Japon a été dur à avaler mais une fois que ça l'a été, je suis passé à autre chose. Là, je vais d'abord espérer me faire une place ici, montrer que je peux apporter à ce groupe. Chaque chose en son temps. Il me tarde que les matches arrivent pour avoir ma chance et saisir des opportunités. »

Merci pour l'article

barracudas écrivait:
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> d'après son manager, [Thomas] pourrait connaître une
> période d'adaptation. « Il repart de zéro et il
> va, je pense, avoir quelques mois frustrants,
> estime l'Irlandais.

C'est clair ... à suivre, en tout cas il n'est pas sur la liste pour ce soir.

" Quand on lit ce qu'on lit, que l'on entend ce que l'on entend on se dit que l'on a raison de penser ce que l'on pense."