Forum

GRENOBLE - LA ROCHELLE. Dans la tempête, le 3e ligne Thomas Soucaze maintient le cap. Avant le match en Isère, sa présence a de quoi rassurer

Un roc au pied des Alpes

Contre Lyon, Soucaze fut un de ceux qui ont apporté indéniable plus-value au jeu, malgré la défaite. Et à Grenoble ? (photo D. Jullian)
Après la mise en place, hier matin, Thomas Soucaze a emprunté son 4x4 du Stade Rochelais. Quand on culmine à 1,91 m pour 108 kg, il faut bien ça. Un véhicule parfaitement adapté à son image : sobre, puissant, aux dimensions qui n'incitent pas le conducteur à se garer en ville. Il faut dire que sur le terrain, le troisième ligne centre n'a rien d'une mobylette se faufilant dans le trafic (quoique). Son truc, c'est la puissance. Mais aussi l'anticipation des mouvements de circulation : la réception des ballons chauds, le soutien, l'écrémage dans les bouchons.

Depuis le début de saison, Thomas Soucaze n'a jamais calé. La fiabilité de son moteur y est sans doute pour beaucoup. Mais ce n'est pas tout. Car à l'heure d'aller défier les Grenoblois, l'homme tient un discours qui en dit long sur son mental. Une tête bien faite, en somme... Un GPS humain, qui tombe à pic à l'heure où le Stade Rochelais semble avoir besoin de retrouver son sens de l'orientation.

Papa Soucaze

« Nous n'avons pas encore disputé notre match référence, indique Thomas Soucaze. Pourtant, je suis persuadé que l'on dispose d'une équipe encore plus performante que celle de l'an passé. Certain, aussi, que nos efforts finiront par payer. » À 27 ans, ce Pyrénéen d'origine adopte une conduite souple. Un discours positif. « On atteint une certaine maturité à mon âge. Tu sais comment te préparer à un match comme celui de Grenoble. Tu sais t'élever (sic) la pression, alors que, plus jeune, tu essaies un peu trop de te l'enlever. J'essaie aussi, et j'aime, travailler sur le mental avec notre préparateur psychologique. Tu te mets des mots en tête : ''agressivité'', ''avancer''... »

Alors le troisième ligne avance, sans oeillères. Ainsi accorde-t-il de l'importance à ce qui se passe hors du pré rectangulaire... Et ses activités annexes sont nombreuses. Un diplôme d'État en cours, avec option préparation physique. Son métier de jeune papa d'un bébé de 3 mois, « occupation de tous les jours » dont la seule évocation dessine un sourire taille 4x4 sur son visage. Ou encore un petit tour en ville de temps en temps, sur le Vieux Port, comme ça, pour prendre un café.

Derrière les entraîneurs

« Il faut essayer de s'aérer de temps en temps, pense-t-il. Ce n'est pas facile tous les jours, car un joueur de rugby professionnel doit avant tout respecter un tas d'obligations. Mais il ne faut jamais perdre de vue que c'est aussi un sport, et un plaisir. » Thomas Soucaze n'a pas besoin de prononcer le mot « passion ». Car l'entendre disserter sur le jeu rochelais, le championnat ou la situation de quelques équipes en Top 14 suffit à vous en convaincre : l'homme est habité.

Voilà d'ailleurs quatorze ans que ça dure, depuis ses débuts à Tarbes. « Tout de suite, j'ai pris mon pied », lance-t-il. Et aujourd'hui ? C'est idem. D'autant que le Pyrénéen se sent comme un poisson dans l'océan maritime. « Quand je suis arrivé ici, l'an dernier, les gens m'ont accueilli à bras ouverts. Ça a pris. D'autant que tout le monde oeuvre dans le même sens, contrairement à beaucoup d'équipes où les joueurs ne sont là que pour se montrer et filer ailleurs. »

Voilà aussi pourquoi Thomas Soucaze a signé jusqu'en 2012. « Je viens d'avoir un enfant, précise-t-il. C'est pourquoi il fallait que je songe à me poser dans un club sain. C'est le cas de La Rochelle, où j'ai également senti une véritable volonté des dirigeants de s'attacher mes services. Et puis ici, les présidents font confiance aux entraîneurs. La difficile période que nous traversons en est la preuve, car d'autres clubs auraient choisi la facilité en virant les coaches. J'ai vécu cela dans un autre club, en constatant que ce n'était pas forcément la meilleure option. Chez nous, ils font avancer le truc... et en plus, ils ont notre soutien (celui des joueurs, NDLR). »

Avec Peïo Som

De la flagornerie ? Non. Le troisième ligne se sent juste à l'aise en jaune et noir, ce qui ne l'empêche pas de conserver d'excellents souvenirs d'Agen, de Pau ou de Biarritz. Des clubs où il a mûri. Une rampe de lancement avec, en guise de compagnon d'aventure, un certain Peïo Som. « Ensemble, nous avons passé un an en jeunes, quatre ans chez les pros (surtout à Pau) et là, on sait que l'on est parti pour jouer trois ans de plus ensemble. C'est vraiment sympa. » Sympa, aussi, parce que la troisième ligne rochelaise commence à faire figure de référence en Pro D2, grâce à Soucaze et Som, donc, mais aussi avec la douce montée en puissance de Faasalele ou l'apport de « vieux » briscards comme Djebaïli, Jacob ou Carmignani.

Et au milieu du trio, Soucaze garde pour l'instant le pied collé au plancher. Prêt à prouver que La Rochelle mérite mieux, aidé par les mobylettes, les diesels et les voitures de course... sans oublier Milhas et Darricarrère, ce duo de concessionnaires auquel l'ensemble du parc automobile fait confiance.

article bien écrit!
le message en direction des coachs me plait bien et est tout a fait opportun!