les dessous d'une crise
Envoyé par:
yoyo
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Date: Tuesday 3 November 2009 16:44:31
PRO D2. Suite aux résultats mitigés de l'équipe, le président Gilbert Ponteins a proposé sa démission au conseil d'administration pour essayer de mettre fin aux secousses internes. Tentative d'analyse
US Dax : les dessous d'une crise
Gilbert Ponteins en viendra-t-il à casser le contrat qui lie l'USD à Thomas Lièvremont ? (Philippe salvat)
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» Pourquoi la démission de Gilbert Ponteins devrait être écartée
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La pluie qui dégoulinait sur le stade Maurice-Boyau a cédé sa place à un éclair qui s'est abattu sur le chapiteau où l'US Dax a l'habitude de recevoir ses partenaires à l'issue des matches. Quelques minutes seulement après la défaite face à Narbonne (3-17), Gilbert Ponteins a créé la surprise en proposant de rendre son tablier de président lors d'un conseil d'administration extraordinaire qui se réunira demain soir, à 18 h 30. Une annonce lourde de conséquences si celle-ci venait à être confirmée - une théorie peu vraisemblable - par les 13 autres membres du conseil de surveillance. Un départ qui serait bien plus néfaste que profitable à la maison rouge et blanche. Mais une question demeure. Que cache véritablement cette tourmente qui agite depuis dimanche un club pourtant loin d'être en faillite, tant sur le plan sportif que de la trésorerie ?
1 Un bilan «conforme» à celui d'un relégué
Même si tout le monde en rêve plus ou moins secrètement, jamais l'USD n'a annoncé vouloir retrouver le Top 14 dès la saison prochaine. Gilbert Ponteins nous le confiait en début de saison : « Le sportif décidera, mais nous aurons à ce moment-là un budget capable de pérenniser le club au plus haut niveau. » Mais dans la cité thermale, les attentes sont énormes envers le deuxième budget (6,3 millions) de Pro D2.
Bien plus que la 7e place au classement actuellement occupée par Dax. À 3 points du dernier ti-cket pour les phases finales certes ; mais avec un modeste bilan de 4 victoires (dont une à l'extérieur) pour 1 nul et 3 défaites (la dernière à domicile). Les prochaines journées montreront si l'objectif de « retrouver la joie des phases finales » n'était pas trop ambitieux pour un club meurtri par la relégation. Au sein du club, on plaide pourtant pour laisser du temps à l'équipe, que celle-ci trouve ses marques et s'adapte à ce jeu différent proposé dans l'antichambre de l'élite.
Hormis Albi cette saison, aucun club n'a réussi à remonter en Top 14 l'année suivant sa descente. Ainsi Narbonne, qui a flirté les deux derniers exercices avec la relégation en Fédérale. Agen également, qui a mis deux saisons à retrouver, pour l'instant, une véritable carburation.
2 Un trio d'entraîneurs qui s'accroche
Objet de toutes les critiques : le trio d'entraîneurs formé par Thomas Lièvremont, Laurent Mazas et Christophe Milhères. Dimanche, contre Narbonne, plusieurs « Lièvremont démission » ont fusé des tribunes de Boyau et touché Thomas au coeur : « Les critiques pèsent et ne font jamais plaisir, confessait-il dimanche soir. Mais ce n'est pas notre genre de plier les gaules à la première difficulté venue. »
Arrivé aux commandes du club l'année suivant la nomination de son frère Marc à la tête de la sélection nationale, le Catalan et ses anciens partenaires biarrots sont liés par contrat avec l'USD jusqu'à la fin de la saison. Une association qui rend la solution du limogeage compliquée pour le club. Celui-ci serait en effet obligé de verser leurs salaires aux hommes en charge de l'équipe jusqu'à l'issue de leur engagement.
Si la solution radicale - fréquente dans le milieu du football - semble pour certains la plus simple à appliquer aux maux dacquois du moment, existe-t-il une autre alternative ? Du strict point de vue financier, Dax ne peut se permettre de verser de nouveaux salaires. À moins que l'USD ne profite des compétences locales en définissant de nouveaux rôles à chacun. Comme Jérôme Daret, le directeur du centre de formation, qui avait pris dans l'urgence les rênes de l'équipe en 2007.
3 Des joueurs qui ont peur
Dimanche soir, Gilbert Ponteins est venu au soutien de son staff malmené après cette première défaite à domicile de la saison. « La faute incombe bien plus aux joueurs qu'aux entraîneurs. Sur ce match, j'ai vu un manque d'engagement flagrant de la part de joueurs cadres de l'équipe. »
Avec un effectif plutôt stable par rapport à la dernière saison jouée en Top 14, le jeu de l'USD déçoit en ce début de saison. Les joueurs parlent d'un « problème psychologique » et semblent paralysés par la peur de mal faire. Un seul chiffre : Dax et son armada offensive ne possèdent que la 9e attaque de la division (133 points). Pauvre quand on se souvient le nombre d'occasions manquées depuis le début de la saison.
La conquête est également à la peine. Malgré le bon début de saison de Christopher Poulain, sous contrat espoir, le départ des 5 piliers de l'année précédente laisse un vide. Brugnaut, Boyoud, Decamps, Léalamanua et Castex n'ont pas encore trouvé leurs successeurs.
Si les rumeurs vont bon train et annoncent des incompréhensions entre joueurs et entraîneurs au niveau du jeu, voir des problèmes relationnels, les rencontres entre les tauliers rouge et blanc et Gilbert Ponteins n'ont rien révélé de tout ça : « Lors des entretiens en tête à tête que j'ai pu avoir au lendemain de la défaite à Aurillac, pas un seul ne m'a parlé d'un problème avec les entraîneurs. »
Pourquoi la démission de Gilbert Ponteins devrait être écartée
Un « électrochoc », c'est ce que veut Gilbert Ponteins. Quelle forme cela prendra-t-il ? Tout dépendra de la réunion du conseil d'administration demain soir. Ce qui est sûr c'est que si le patron du groupe Thermadour est blessé, la montagne pourra difficilement accoucher d'une souris. Sinon ce n'est pas une simple « proposition de démission » que risquerait d'essuyer l'USD à l'avenir mais, pourquoi pas, une démission tout court. Qui, pour le coup, serait autrement plus problématique.
En effet, en provoquant une remise à plat générale, Gilbert Ponteins met bien plus que son nom dans la balance. Il met aussi un équilibre qui, depuis huit ans, fait de l'USD un club stable. Un équilibre dont le président est justement la pierre angulaire. Ce qui explique son coup de sang. Et implique que, sauf coup de théâtre, sa démission sera écartée. Décryptage.
L'argentier numéro un
Gilbert Ponteins l'assure : il en a assez d'essuyer les critiques. Pourtant, si certains savent le trouver pour « démonter » l'équipe, son investissement à la tête du club estdifficilement contestable. Certes, il reconnaît volontiers qu'il n'entend rien au rugby, mais cela ne l'empêche pas d'être le sponsor numéro un du club. Et encore moins de se porter, le cas échéant, caution personnelle avec ses deux fils à hauteur de 850 000 euros, comme cela été le cas la saison dernière.
Combien de dirigeants iraient jusque là ? C'est d'ailleurs cette caution qui, à l'époque, avait permis à l'USD de débloquer les contrats de ses trois argentins : Vergallo, Borges et Martin-Aramburu. Cette saison, Gilbert Ponteins a mis sur la table 750 000 euros (sur les 6,3 millions de budget) : 400 000 au titre de Thermadour et 350 000 à titre personnel. Le président ne sait pas entraîner, mais il sait payer. Difficile de se passer de lui.
500 000 euros de manque
Autre raison pour laquelle sa démission devrait être refusée : ce n'est vraiment pas le moment de créer des remous à la tête du club. Si, sur le plan sportif, la situation est loin d'être catastrophique et les phases finales - l'objectif avoué - toujours accessibles, l'urgence est bien plus pressante sur le plan des finances. En effet, il manque toujours 500 000 euros à Gilbert Ponteins pour boucler son budget.
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le week-end dernier, à l'issue de la rencontre contre Auch lors du dîner d'après-match, il s'est en priorité adressé aux partenaires de l'USD. Leur promettant à l'avenir un autre spectacle et surtout leur rappelant leur importance pour le club. Toutefois, si le peu de jeu proposé aujourd'hui par son équipe n'est pas vraiment un atout pour la pêche aux sponsors, rien ne dit qu'une valse présidentielle réhausse les couleurs du club.
Le nouveau stade arrive
Enfin, dernière raison qui ne plaide pas en faveur d'un départ immédiat de Ponteins : la reconstruction de Maurice-Boyau. Comme on le sait, l'USD est candidate pour piloter et assumer financièrement cette rénovation. Elle s'articulera autour d'un nouvelle enceinte forte de 10 000 places assises et couvertes, de loges et de salons VIP notamment.
Un projet pour lequel l'USD s'est associée avec le géant mondial de l'immobilier Vinci et qui comprend aussi la construction d'une galerie commerciale attenante au stade. Un complexe à 32 millions d'euros, qui pourrait voir le jour en 2012. Et qui permettra surtout au club, via une recette guichet plus importante et les loyers des commerces de la galerie, de ne plus être aussi dépendant des sponsors. Ce qui pourrait quelque peu faciliter la vie du président. En attendant, difficile de mener un tel projet en situation de crise.