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Marc Lièvremont, l'entraîneur du Quinze de France, a choisi le pilier Fabien Barcella plutôt que Sylvain Marconnet, son équipier du Biarritz Olympique, pour sa liste des trente, a-t-on appris dans la nuit de samedi à dimanche auprès des intéressés.

Lièvremont qui doit officialiser sa liste ce matin (10 heures) a dévoilé son choix aux joueurs samedi soir après le succès contre l'Irlande (26-22).



Barcella qui semblait avoir perdu espoir, est entré en deuxième mi-temps à Lansdowne Road samedi contre l'Irlande, disputant son premier match officiel depuis plus d'un an, après des blessures au genou puis au tendon d'Achille. Son retour à la compétition avait été en outre ponctué, début août par une rupture partielle du tendon du biceps gauche.

Pour Marconnet, 35 ans, 82 sélections, qui avait réalisé un match plutôt convaincant à Bordeaux, ce choix signifie sans doute la fin de sa carrière internationnale. Thomas Domingo, le pilier de Clermont, toujours convalescent, est l'autre joueur évincé des 32 joueurs présents à Dublin.

l y a les mots, et puis il y a les actes. Hier à Dublin, on a eu peur pendant un peu plus de 20 minutes que Marc Lièvremont et son encadrement aient vendu du vent, un conte pour enfants, en vantant les vertus morales et l'homogénéité d'un groupe qui ce matin sera donc ramené à 30 joueurs et perdra selon toute vraisemblance Sylvain Marconnet et Thomas Domingo.

Oui, vraiment, on a cru que ce Quinze de France blanc, livide, transparent, incapable de tenir le ballon plus de 30 secondes, rapidement mené 8 à 0 par l'Irlande, allait infliger à son entraîneur une nouvelle désillusion grand format avant de s'embarquer pour la Nouvelle-Zélande. Et l'on se disait qu'elles risquaient de sembler longues, les trois semaines qui séparent les Français de leur entrée dans la compétition face au Japon.



Et puis, peu à peu, on a compris que cet état d'esprit loué par l'encadrement ne relevait pas du boniment de camelot, que cette équipe pouvait donner un sens sur le terrain à des expressions comme « volonté commune », « solidarité », « ambition ». Il n'y a rien de transcendant dans ce qui a permis aux Français de vaincre une nouvelle fois le Quinze de Trèfle sur sa pelouse de Lansdowne Road. Quels furent les ingrédients de base d'une victoire beaucoup plus maîtrisée qu'en février dernier (25-22) ? Une défense agressive pour empêcher la machine irlandaise à enchaîner les temps de jeu de ronronner et un cinq de devant conquérant en mêlée et usant dans le combat au près. Les Bleus et blancs y ajoutèrent quelques lancements de jeu joliment ficelés (essai d'Heymans), un brin d'opportunisme (essai de Trinh-Duc), le tout cuisiné par une charnière plutôt inspirée dans sa gestion du match.

Le solde est positif

Ce tout, bien sûr, ne fait pas du Quinze de France un candidat évident au titre de champion du monde le 23 octobre prochain à l'Eden Park d'Auckland. Mais lorsqu'on contemple le panorama avec un peu de perspective, l'horizon des Français est désormais beaucoup plus dégagé qu'au printemps dernier.

Il y avait bien sûr hier soir quelque chose d'assez ironique et étrange à entendre Marc Lièvremont faire la fine bouche sur un succès qui va booster sa troupe et lui permettre de faire jouer à plein, ou presque, la concurrence. Surtout lorsqu'on se souvient par quels tourments l'entraîneur des Bleus est passé l'hiver dernier. On peut regretter effectivement que les joueurs français aient peut-être manqué d'un peu de conviction ou de fraîcheur pour mieux exploiter leur emprise sur les Irlandais et finir quelques coups qui paraissaient gagnants.

Mais lorsqu'on fait le bilan, le solde de cette double confrontation est largement positif. De Bordeaux à Dublin, le Quinze de France est monté en puissance, en gardant la même qualité sur les fondamentaux mais en changeant treize de ses titulaires.

À l'exception de David Skréla, médiocre puis malchanceux, les joueurs qui avaient un challenge à relever à Dublin se sont hissés à la hauteur de leur défi. On pense bien sûr à Rougerie, Parra, Nallet. Mais il ne sera pas évident de trancher entre un Picamoles et un Lakafia, un Heymans et un Traille, un Bonnaire et un Harinordoquy. Les cartes ont été rebattues hier mais pour de bonnes raisons et il faut s'en réjouir. En se souvenant toutefois que deux matches de préparation réussis ne constituent pas une garantie de succès au Mondial. En 2007, les Bleus avaient réalisé un sans-faute au mois d'août pour le résultat final que l'on sait.