Les salaires flambent dans le Top 14 : l’âge de déraison

Envoyé par: yoyo (Modérateur)

Date: Tuesday 27 September 2016 10:32:13

[www.sudouest.fr]

Publié le 27/09/2016 . Mis à jour à 07h10 par Arnaud David avec B.D.

Les gros clubs de Top 14 se livrent actuellement à une surenchère sur les joueurs français ou ayant le label JIFF. À l’exemple du transfert du Toulousain Yacouba Camara à Montpellier.

Où cette surenchère démentielle s'arrêtera-t-elle ? Vendredi, Montpellier a officialisé l'arrivée la saison prochaine du jeune international toulousain Yacouba Camara. En suivant, Abdelatif Benazzi, le manager du club héraultais, a expliqué à nos confrères de « L'Équipe » que le flanker de 22 ans allait devenir l'un des plus gros salaires de Montpellier. Il n'a pas infirmé non plus l'information révélée quelques jours plus tôt par Jacky Lorenzetti, le président du Racing 92, qui convoitait lui aussi le natif d'Aubervilliers : Camara touchera pendant trois ans près de 50 000 euros par mois.

Depuis, le « mundillo » du rugby français ergote sur la somme exacte. Est-ce du brut ou du net ? Sa rémunération sera-t-elle progressive ? Qu'importe. Elle situe le salaire proposé au troisième ligne tout en haut de l'échelle, au-dessus d'internationaux expérimentés. Elle confirme aussi que les plus gros clubs de Top 14 sont lancés dans une course à l'armement féroce. Depuis six mois, la chasse aux joueurs français ou aux joueurs issus des filières de formation (JIFF) s'est accélérée de manière brutale. « Les salaires que l'on voit circuler ne correspondent plus à la valeur réelle du joueur », déplore Laurent Marti, le président de l'UBB.

En cinq saisons par exemple, Antoine Guillamon, éphémère international, n'aura disputé que 49 matches de Top 14 à Lyon, Toulouse et Oyonnax. Le pilier droit a rejoint Montpellier cet été pour un salaire évalué à plus 20 000 euros par mois.

Cette flambée est le corollaire négatif d'une mesure prise par la Ligue qui vise à élargir le nombre de joueurs sélectionnables pour le Quinze de France. À compter de la saison prochaine, les clubs devront aligner sur l'ensemble de la saison une moyenne de 14 joueurs ayant le statut JIFF sur la feuille de match. Les bons élèves seront récompensés financièrement. Les mauvais seront sanctionnés par des points de pénalité au classement (2 à 10) à l'entame de la saison 2018-2019.

Adoptées il y a dix jours par le comité directeur de la LNR, mais annoncées aux clubs dès le mois d'avril, ces mesures ont donc accentué un phénomène déjà prégnant. « On a créé une sorte de bulle spéculative qui n'est pas prête d'exploser », confirme Miguel Fernandez, co-directeur d'Essentially, le principal regroupement d'agents sportifs. « Les clubs dégainent de plus en plus vite, de plus en plus tôt, de plus en plus fort », affirme Laurent Quaglia, l'un de ses confrères.

Un jeu risqué

Nul n'est à l'abri d'un jeu qui, à terme, risque de faire exploser des clubs qui cherchent à suivre une politique salariale raisonnable. « On essaie de ne pas perdre le sens des réalités avec les joueurs », témoigne Patrice Collazo, l'entraîneur du Stade Rochelais. « Dans l'immédiat, on n'est pas en difficulté mais à l'avenir c'est possible. Surtout si les autres doublent les salaires ».

Les autres, ce sont Montpellier, le Racing 92, Clermont, Castres, Toulouse qui sont les plus agressifs sur le marché. Un club comme le Stade Français, qui a misé sur de jeunes joueurs Français, a déjà perdu Rabah Slimani (Clermont). Il n'est pas certain de pouvoir conserver Hugo Bonneval, Raphaël Lakafia, Geoffrey Doumayrou et même Jérémy Sinzelle.

À l'Union Bordeaux-Bègles, Laurent Marti a essayé de se prémunir en anticipant 17 fins de contrat au printemps dernier. Jefferson Poirot et Louis-Benoit Madaule ont demandé un temps de réflexion. L'UBB pourra-t-elle les garder ? Pour Poirot, convoité par Clermont, la réponse devrait arriver rapidement.

Faire le constat que les salaires flambent, c'est aussi s'interroger sur la manière dont les clubs inflationnistes respectent la limitation de la masse salariale fixée à un peu plus de 10 millions d'euros. La réponse est simple. Ils ne la respectent pas mais jouent avec la règle, avec le droit à l'image et toutes sortes de montages financiers. « Il y a des rémunérations de droits d'image qui s'évaporent à l'étranger, confie un membre de la Direction Nationale d'aide et de Contrôle de Gestion (DNACG). Regardez sur quels groupes internationaux s'appuient les clubs qui sont les plus actifs sur le marché ? »

Quelles mesures la Ligue peut-elle prendre pour rendre son « salary cap » efficace et éviter une nouvelle concentration des meilleurs joueurs français dans quatre ou cinq écuries capables de vivre à pertes ?

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