fifi36 écrivait:
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> Vu sur Rugbyrama cette longue interview de notre
> jeune Pierre Boudehent :
>
> [
www.rugbyrama.fr]
> p-14-pierre-boudehent-je-ne-me-mets-aucune-limite_
> sto8113866/story.shtml
>
> TOP 14 - C'est l'histoire d'un jeune joueur touché
> par une incroyable guigne. Entre blessures et
> coups du sort, Pierre Boudehent, 23 ans, n'est pas
> épargné par le destin. Mais il y puise une rage de
> vaincre, avec le maillot bleu dans le viseur.
>
Avec son frère, 2 joueurs de talent, jeune & jiff, à garder absolument...2 armes importants pour l'avenir du club
> Enfin de retour à la compétition dimanche dernier
> avec le Stade Rochelais, après onze mois sans
> jouer et deux saisons quasiment blanches, le
> trois-quart espère maintenant prendre son envol.
> Il s'était longuement confié à Rugbyrama, il y a
> quelques semaines, pendant son énième
> convalescence. Entretien.
>
> Rugbyrama : Pierre, on vous avait quitté en août
> dernier, à nouveau fauché par une luxation de
> l'épaule droite, en pleine préparation. Comme la
> saison précédente…
>
> Un an pile après la première ! J'ai regardé les
> dates. La première fois, c'était le 10 août 2019.
> La seconde, le 11 août 2020. Bizarre, hein
> (rires). C'est inexplicable, mais ça fait partie
> du sport. Beaucoup de joueurs se font des
> luxations dans le monde du rugby. J'ai dû me faire
> opérer. J'ai vraiment perdu physiquement. J'ai
> perdu du poids. Il a vraiment fallu beaucoup de
> rééducation. Des soins, de la musculation, du
> renforcement…La première fois, c'était un peu plus
> court, plus rapide. J'étais de retour de
> compétition au bout de trois mois.
>
> Vous aviez pu jouer deux matches sous le maillot
> rochelais, avant de filer en prêt à Vannes. On est
> en février 2020. Et là, l'aventure tourne on ne
> peut plus court.
>
> Le premier match, je n'ai pas pu le jouer à cause
> de la licence (pas validée à temps, NDLR). Le
> deuxième, je n'ai pas pu le jouer car un joueur
> m'a blessé à l'entraînement. Ensuite, je joue ce
> fameux match contre Valence-Romans. J'étais encore
> blessé mais je joue quand même. Bon, je marque un
> essai, mais je prends un carton rouge au bout de
> 50 min. Le premier de ma carrière.
>
>
> Et, pendant votre suspension, le confinement est
> décrété.
>
> Circonstances exceptionnelles. Dans tous les cas,
> je ne pouvais pas beaucoup jouer. Mais c'est vrai
> que c'est étrange, quand même. Il m'arrive parfois
> des trucs…C'est une phase, à mon avis.
>
> V ous retournez donc à La Rochelle. Mais la guigne
> vous poursuit.
>
> Je me suis entraîné tout le confinement. Sur les
> 80 jours, j'ai fait seulement 4 jours off. Et
> pendant la préparation, je me blesse. C'est vrai
> que c'est une accumulation de beaucoup de choses
> qui font qu'aujourd'hui, du temps de jeu, j'en ai
> plus que besoin.
>
> Depuis votre première saison en pro, plutôt
> prolifique d'ailleurs (12 matches en Top 14 et
> Coupe d'Europe, 6 titularisations, 4 essais en
> 2017-2018), vous n'avez joué que…cinq matches à XV
> ! Comment vivez-vous cette traversée du désert ?
>
> Je n'ai pas le choix. Ça forge le mental. Si
> mentalement je lâche, ce n'est plus possible. Si
> t'as pas un état d'esprit de guerrier dans un
> milieu comme ça, c'est mort. Si tu te laisses
> marcher dessus, si tu n'as pas d'envie ancrée en
> toi, tu vas mourir à petit feu. Il faut toujours
> être à 110% mentalement, ne jamais rien lâcher. Il
> faut être courageux aussi, mine de rien, car c'est
> vrai que c'est parfois compliqué. Quand on regarde
> les autres jouer, s'entrainer, gagner des matches,
> c'est encore plus frustrant. Par contre, ça ne
> donne qu'une envie : revenir le plus vite
> possible. Et, franchement, j'ai toujours le
> sourire.
>
>
> D'autres auraient peut-être baissé les bras, à
> votre place.
>
> C'est le discours de mes parents. Ils me disent :
> "Vraiment, Pierre, tu as vécu des choses…Plus d'un
> aurait arrêté ! Pour tes parents, tu es un
> exemple." Être, à 22 ans, un exemple pour mes
> parents, ça me motive encore plus.
>
> En parlez-vous régulièrement avec votre frère
> cadet, Paul, qui lui non plus n'est pas épargné
> par les pépins physiques ?
>
> On sait très bien ce que l'on pense de ça. Sans
> coups du sort, on aurait pu tous les deux être
> champions du monde U20. Les deux frères Boudehent
> champions du monde ! Et finalement, rien. On
> aurait pu être titulaires tout le début de saison.
> Je sais que j'aurais pu jouer tous les matches
> depuis le début de saison. C'est mon avis
> personnel. Et rien ! Paul enchaine les petites
> blessures. C'est chiant, c'est long. On est dans
> une phase où on rame dans la semoule. Mais je
> pense que c'est une période. Il y a des joueurs
> pour qui ça marche super bien. Nous, les blessures
> nous arrivent maintenant. C'est le pire dans la
> carrière d'un sportif car ça te coupe dans ta
> progression. Tu ne peux pas enchainer car tu as
> des petits trucs de merde. Enchainer les matches,
> c'est la clé de la réussite quand tu es jeune.
>
> Votre entraîneur en chef Ronan O'Gara vous avez
> conseillé de partir à Vannes pour gagner du temps
> de jeu car la concurrence était forte à La
> Rochelle. Elle l'est toujours. Comment voyez-vous
> les semaines et mois qui arrivent ?
>
> Toujours à La Rochelle. Dans n'importe quelle
> équipe, de toute façon, il y aura de la
> concurrence. A un moment donné, il faut se mettre
> dans les rangs, être bon aux entraînements,
> montrer que tu as envie, se bouger les fesses, se
> sortir les doigts…Je ne vais pas finir la phrase,
> mais voilà. Je ne vais pas me laisser abattre.
> Même s'il y a des Botia, des Doumayrou devant moi,
> je suis persuadé que j'ai les capacités pour jouer
> avec ces joueurs-là. Il faut juste que toutes ces
> blessures, tous ces arrêts s'arrêtent. Je suis
> confiant.
>
> Justement, en parlant de confiance, O'Gara disait
> à votre sujet, en décembre 2019 : " Quand Pierre
> est en forme, c’est impossible de l’arrêter. La
> seule chose que j’aimerai améliorer, c’est son
> niveau de confiance."
>
> J'en suis vraiment conscient, c'est vraiment sur
> ça que je dois travailler. Mais il faut avoir du
> temps de jeu. Le fait de ne pas être en confiance,
> pour un joueur comme moi, ça se voit sur le
> terrain. Il n'y a pas d'actions flamboyantes où je
> sors du lot. C'est bête mais c'est un cercle
> vicieux : t'es pas bon donc tu ne joues pas et,
> moins tu joueras, moins tu seras bon.
>
> Avez-vous trouvé des leviers d'action à
> l'infirmerie, pour élever votre capital confiance
> ?
>
> Honnêtement, je vous assure qu'à force de voir les
> matches à la télé, je n'ai qu'une envie, c'est
> d'être sur le terrain, de fouler la pelouse, de
> participer.
> Finalement, ces trois dernières saisons et même
> depuis le début de votre carrière, vous avez
> davantage évoluer à VII qu'à XV. Avez-vous eu
> envie, parfois, de plaquer le XV pour retourner au
> VII ?
>
> Si on parle uniquement du jeu, j'aime vraiment le
> VII. Mais rien que par rapport au style de vie que
> ça peut apporter, aujourd'hui, je préfère le rugby
> à XV. Au VII, t'es jamais chez toi, t'es tout le
> temps à l'étranger, tu ne vois jamais ta famille.
> C'est vraiment un choix de vie. J'en ai parlé avec
> Christophe Reigt, manager de France 7, il attend
> beaucoup de moi. Mais mon objectif principal,
> c'est de performer à XV. Surtout avec le Stade
> Rochelais. Déjà, c'est un club que j'aime qui m'a
> beaucoup apporté. Et puis, surtout, c'est un
> challenge. Si jamais ça ne marche pas, je sais
> que, derrière, j'ai la possibilité de jouer avec
> l'Equipe de France à 7.
>
> La Rochelle où vous arrivez en fin de contrat, en
> juin prochain. Votre frère a prolongé jusqu'en
> 2023. On imagine votre envie de poursuivre
> l'aventure aux côtés de Paul.
>
> Carrément. Ce que je pense aujourd'hui, c'est que
> tout est possible ! Même pour un cas comme moi. Je
> pense à Rémi Bourdeau, par exemple. Il n'a pas
> joué pendant un an et demi. Il a fait trois,
> quatre matches d'affilée en début de saison et il
> a prolongé jusqu'en 2024. Il a réussi à s'en
> sortir et, pour le cas, vraiment bien. Je m'en
> inspire.
>
> Comment ?
>
> On entendait dire son sujet : "C'est sûr, c'est sa
> fin de carrière, c'est terminé !" La preuve que
> non. Je crois en Dieu et je persuadé que tout est
> possible, dans ce monde. Ce que je vis
> aujourd'hui, je suis persuadé que ça pourra servir
> à d'autres joueurs. Les jeunes joueurs ont besoin
> d'exemples, de "héros". J'ai envie qu'ils puissent
> se dire : "Ce Pierre Boudehent, c'est un exemple !
> Même un joueur comme ça, qui a vécu toutes ces
> blessures, qui en a bavé, qui n'a pas eu de
> chance, qui a vraiment vécu un début de carrière
> compliqué, même un joueur comme ça a pu s'en
> sortir." Aujourd'hui, c'est ça qui me fait
> avancer, qui me fait me lever le matin. Le but de
> ma carrière, c'est aussi d'apporter à d'autres
> joueurs, de partager mon expérience. Ce n'est pas
> que pour ma pomme.
>
> Personnellement, vous avez toujours revendiqué de
> très hautes ambitions sportives. Et, maintenant ?
>
> Quand tu es blessé, on te dit souvent : "Tu vas
> revenir plus fort !" Ce n'est pas une blague.
> Mentalement, tu te forges. Je parle comme un
> philosophe mais je suis convaincu de ça. Je ne me
> mets aucune limite, c'est clair. Au tout début de
> ma carrière, je me suis dit : "Ma carrière va
> ressembler à ça. Tu vas faire ça, ça va se passer
> comme ça." Rien ne s'est passé comme je l'avais
> prévu !
>
> Quel était ce plan de carrière ?
>
> Ma carrière idéale dans ma tête : tu vas jouer en
> pro, tu vas faire 20 matches par saison, tu vas
> aller en équipe de France rapidement.
>
> Du coup, vous vous interdisez d'y penser, au
> maillot bleu ?
>
> Ah, ça, non ! Depuis que je suis tout petit, j'y
> pense. Je sais que j'ai les moyens d'y être.
> Après, c'est sûr que si, aujourd'hui, je parle du
> XV de France aux joueurs qui sont autour et au
> staff, ils me disent : "Non mais attends, Pierre,
> tu rêves, t'es à 10 000 bornes d'y être." Je dis :
> "Oui, oui, mais ce n'est pas une blague, l'équipe
> de France c'est un projet." Ce n'est même pas un
> projet, c'est mon objectif. C'est clair et net !
> Bref, le mot de la fin, ce serait : plein d'espoir
> !