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Du judo à l'équipe de France de rugby, retour sur le parcours de Jules Favre
Originaire du Doubs, passé par un pôle espoir de judo, le Rochelais, Jules Favre, n'était pas promis à une carrière au plus haut niveau. Le voilà pourtant convoqué en équipe de France.

Il joint ses index puis pose ses pouces l'un sur l'autre, formant avec ses doigts un triangle qu'il pose sur une table. Assis dans une salle de l'Apivia Parc en ce mardi de fin novembre, Jules Favre embraie : « Quand je suis arrivé au Stade Rochelais, en 2017, Pascal Cécille, le directeur du centre de formation et Sébastien Boboul (alors entraîneur des Espoirs) m'ont présenté une pyramide de la méritocratie, lance-t-il en regardant ses mains. Je suis arrivé comme partenaire d'entraînement des Espoirs, tout en bas de la pyramide. Au-dessus, il y avait des cases d'aspirant au centre de formation, puis de pensionnaire du centre, puis il y avait un étage entre le centre et les pros. Et en haut, tu avais les pros. J'avais accepté ce challenge : grimper tout ça. »

Le joueur prononce ces mots avec bonhomie, son visage affichant un léger sourire où l'on jurerait déceler un brin de revanche et pas mal de fierté. Le voilà au sommet de cette pyramide, titulaire dans l'équipe pro. Depuis le début de la saison, qu'il joue au centre (son poste de prédilection) ou à l'aile, Favre est l'un des éléments les plus performants du Stade Rochelais (13 titularisations). Au point de figurer en tête du classement des meilleurs marqueurs du Top 14 (7 essais) et dans la liste des Bleus convoqués cette semaine pour préparer le Tournoi.

Pourtant, son profil comme son parcours tranchent avec ceux du gratin du rugby français. À commencer par son origine. Né près de Toulon, où travaillait son père, officier de la marine nationale, Jules Favre a ensuite grandi à Morteau, dans le Doubs. « Ce n'est pas vraiment une terre de rugby, reconnaît-il. Des mecs de Franche-Comté qui ont joué en Top 14, il n'y en a pas beaucoup. Aujourd'hui, il doit y avoir Baptiste Pesenti, Étienne Fourcade, Félix Lambey. À l'école, tout le monde jouait au foot, ça parlait du FCSM (Sochaux), on n'était que deux-trois à aimer le rugby. Ces deux-trois de chaque village se retrouvaient dans le club de Morteau. »

Un club de 4e série qui l'a vu grandir avant même qu'il ne touche un ballon. « Je jouais alors au rugby et Jules était tout le temps avec moi, aux entraînements, aux matches, dans les vestiaires, il baignait dans cette atmosphère », relate son père, Jean-Philippe, aujourd'hui gérant à Paris d'une boutique de produits du Jura. Puis le jeune garçon a à son tour intégré l'école de rugby et est tombé dans la marmite, comme plus tard sa soeur cadette, Camille, aujourd'hui joueuse à Lille (Élite 1). Mais c'est dans un autre sport que Favre a d'abord excellé : le judo, qu'il a longtemps pratiqué en parallèle du rugby.

En fin de collège, il est même parti au pôle Espoirs de Besançon. « J'avais un bon niveau, je me classais aux Championnats de France de judo de ma catégorie d'âge, se rappelle-t-il. Le pôle m'a plu, j'y suis resté un an, mais le rugby me manquait trop. » Le paternel précise : « À cette époque, le pôle Espoirs de rugby ne lui proposait rien. Au début, il ne voulait pas aller à Besançon pour le judo. Mais on a insisté. Il a été très malin, il nous l'a avoué quelques années après : il est allé au pôle Espoirs de judo parce qu'il s'était dit que ça le préparerait au mieux pour les tests d'entrée du pôle espoir rugby. »

Adolescent, Favre s'est donc trouvé une petite porte d'entrée à son rêve : il est intégré au CREF (centre régional d'entraînement et de formation) de Dijon puis au pôle Espoirs rugby de la même ville et à son équipe, ABCD XV. Une formation avec qui il est repéré par le Stade Rochelais lors d'un match à Tours. Après avoir passé un essai dans le club maritime, il y est intégré.

« Je l'ai fait venir pour l'état d'esprit qu'il avait davantage que pour ses qualités rugbystiques, reconnaissait en début de saison Sébastien Boboul, aujourd'hui entraîneur des trois-quarts des vice-champions de France. Ce n'était pas le plus doué, mais il a gommé ses imperfections. Il travaille beaucoup, on savait qu'il avait ce tempérament de combattant, c'est ce qu'on cherchait à l'époque pour le centre de formation. Je m'en sers d'ailleurs souvent comme exemple en recevant des jeunes. »

« Ce n'était pas le plus talentueux, mais il avait une détermination sans faille, une capacité de travail hors norme »

Xavier Garbajosa

« Sur les plaquages, le combat, j'avais été bien éduqué à Morteau puis au judo, estime Favre. Mais techniquement, je n'étais pas au point. J'ai vécu une formation accélérée au pôle puis au centre à La Rochelle. En trois-quatre ans, j'ai dû rattraper tout ce que je n'avais pas bossé pendant une dizaine d'années. J'ai toujours des lacunes, je ne suis pas encore vraiment à l'aise avec un côté de passe, sur la vision de jeu, mon placement, je dois progresser. »

Le simple partenaire d'entraînement des Espoirs a ainsi rapidement changé de statut à La Rochelle. En 2018, un an seulement après son arrivée, il a effectué ses premiers pas avec le groupe pro. « Xavier Garbajosa (alors entraîneur des lignes arrière) avait discuté avec Séb Boboul, ils avaient décidé de m'intégrer à la prépa physique des pros, rembobine Favre. Je pensais la faire et redescendre avec les Espoirs, mais ça a débouché sur mon premier match pro, incroyable. » Garbajosa se souvient : « Ce n'était pas le plus talentueux, mais il avait une détermination sans faille, une capacité de travail hors norme. Il fallait récompenser son investissement. Il a eu l'intelligence de se déplacer à l'aile, d'acquérir une forme de polyvalence importante aujourd'hui. Même s'il n'a pas un gabarit monstrueux, c'est un garçon puissant, dense, véloce, il fait pas mal de différences. »

« Ç'a été un déclic. Quand tu réalises que tu es capable de faire ça, tu te dis que tu peux le reproduire à chaque match »

Jules Favre, à propos de la demi-finale de top 14 remportée face au Racing 92 la saison dernière.

La saison dernière a été pour Favre celle de l'affirmation. Avec un tournant en demi-finales de Top 14, lorsque, profitant de nombreuses absences, il a excellé au centre contre le Racing 92 des internationaux Gaël Fickou et Virimi Vakatawa. « Défensivement, j'avais donné mon corps pour l'équipe et, à la fin, le résultat était magique, sourit celui que Ronan O'Gara présentait dès l'automne comme un postulant aux Bleus. Ç'a été un déclic. Quand tu réalises que tu es capable de faire ça, tu te dis que tu peux le reproduire à chaque match. Pendant les vacances d'été, je n'en parlais pas trop mais je me disais : maintenant, c'est parti, t'as 22 ans, feu. Il n'y a pas de demi-mesure si tu veux être performant. »

Gros plaqueur, solide défensivement, le Doubiste a en outre développé ses qualités de marqueur et de puncheur, lui qui est le joueur de Top 14 à avoir le plus cassé les lignes défensives adverses. « Il écoute quand on lui donne des conseils et il prend plaisir à s'y filer, souligne Brice Dulin. Il a pris une autre dimension cette saison. Ce n'est pas que le staff lui fait confiance, c'est lui qui donne confiance au staff. »

Celui de l'équipe de France, pas effrayé par les parcours d'ovni et séduit par ses qualités et sa polyvalence, l'a en tout cas convoqué pour préparer le prochain Tournoi. À Aubagne, où sont rassemblés les Bleus cette semaine, Jules Favre est arrivé sur la pointe des pieds, mais la tête haute. Prêt à se lancer dans une nouvelle ascension.

Salut à tou(te)s sauf au "p'tiot brocheton des îles"bien sûr=ça c'est du lourd oui un GRAND Bravo au "djeun's Favre"

La tête dans les Combrailles et le coeur à Marcel.DEFLANDRE!
ALLEZ le Stade!!!

Merci Barracudas !

J'apprécie vraiment beaucoup ce joueur qui reste discret et qui grandit sans faire de bruit.
Je me rappelle encore sa boulette contre le MHR. Il n a pas abdiqué et s est imposé petit à petit.
A lire son interview, il sait ce qu'il a à beaucoup travailler.

Croisons les doigts pour que les médias ne lui fassent pas plus de mal que de bien. Il a l'air d avoir la tête sur les épaules.

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« La théorie c’est quand on sait tout et que rien ne fonctionne, la pratique c’est quand tout fonctionne et on ne sait pas pourquoi !»

Merçi pour cet article......

@carcharadon Tu ne confons pas avec Bouldoire?
Je ne me rappelle pas que Favre ait fait une boulette face au MHR.



Modifié 2 fois. Dernière modification le 27/01/2022 11:51 par corsair17.

corsair17 écrivait:
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> @carcharadon Tu ne confons pas avec Bouldoire?
> Je ne me rappelle pas que Favre ait fait une
> boulette face au MHR.

Non, c'est bien Favre. Il avait mal capté un ballon haut sans trop de pression. Un montpelliérain l avait récupéré et marqué.

Bouldoire, c est une passe volontaire en dehors du terrain. Rien à voir.

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« La théorie c’est quand on sait tout et que rien ne fonctionne, la pratique c’est quand tout fonctionne et on ne sait pas pourquoi !»

corsair17 écrivait:
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> @carcharadon Tu ne confons pas avec Bouldoire?
> Je ne me rappelle pas que Favre ait fait une
> boulette face au MHR.

Tu as raison, le match avec Bouldoire qui avait envoyé le ballon à la main avait coûté très cher...