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La Rochelle armée pour affronter le Leinster, favori de la finale de Coupe d'Europe
Si le Leinster débarquera avec l'étiquette de favori à Marseille pour la finale de la Coupe d'Europe, La Rochelle dispose des atouts pour mettre à mal la marche en avant de la machine irlandaise.
Le week-end des demi-finales de Coupe d'Europe a été celui du grand contraste. Au lendemain d'un spectaculaire Leinster-Toulouse qui a tourné à la démonstration de force irlandaise (40-17), La Rochelle et le Racing 92 se sont péniblement départagés sous le soleil de Lens. Conséquence de cet enchaînement en clair-obscur, une impression que les Maritimes allaient filer droit à l'abattoir en s'opposant au Vélodrome à une équipe aussi précise que puissante. Dès leur sortie du terrain, les Jaune et Noir avaient d'ailleurs déjà pris conscience de cette perception extérieure en leur défaveur. Et de l'ampleur de la tâche qui les attendait.
« Le Leinster est une équipe structurée, qui tient bien le ballon, qui peut le tenir pendant 21 phases », a soufflé le centre Jérémy Sinzelle après la demi-finale. « C'est l'équipe d'Irlande, tout est cadré, millimétré, il n'y a pas de place pour le doute, quand ils se mettent en route, c'est un rouleau compresseur, a ajouté Grégory Alldritt. C'est un super challenge pour nous. C'est très bien comme ça, pas grand monde ne nous voit gagner cette finale, j'adore ça, j'adore ce genre de challenge, on va y aller avec les crocs. »

Le troisième-ligne international le sait : sans un engagement total, son équipe ne pourra pas espérer aller chercher ce premier grand titre que La Rochelle attend. Depuis la victoire en demi-finales européennes de l'an dernier(32-23), les hommes de Ronan O'Gara savent qu'ils peuvent physiquement remuer cet adversaire et faire dérailler la fine mécanique irlandaise.
Sans même parler d'une potentielle absence du chef d'orchestre Tawera Kerr-Barlow, touché à une main, dimanche, et au sujet duquel les Rochelais retiennent leur souffle, celle très probable de Will Skelton, blessé à un mollet, risque de peser lourd dans la balance. Mais avec son collectif rodé et ses autres big men, les Maritimes apparaissent tout de même équipés pour le combat.

Leur efficacité en mêlée, où ils ont dominé le Racing 92, et leur propension à ralentir le jeu adverse en pourrissant les rucks grâce à leurs gratteurs pourront également s'avérer utiles. Comme la rapidité et l'imperméabilité de leur rideau défensif, testé et approuvé ces dernières semaines.
« Il faudra les agresser, avance Alldritt. On a une très bonne défense, il faudra s'appuyer dessus, faire encore plus, être pragmatique. Contre eux, on a le droit de flancher un petit peu, mais pas de craquer. Il faut être précis, discipliné, quand je parle de discipline, il ne s'agit pas de baisser le curseur d'intensité, au contraire, si on les laisse faire ce qu'ils savent faire, on l'a vu contre Toulouse, ils sont inarrêtables. » Pour challenger les Irlandais, La Rochelle pourra aussi compter sur le talent de stratège de Ronan O'Gara, l'un des meilleurs ennemis du Leinster.

Alors qu'il lui était demandé à Lens s'il trouvait la province plus forte que l'an passé, le manager a répondu : « Oui, c'est sûr, ils sont hyper fit, précis, impitoyables, mais je vais préparer une tactique. » Depuis leur victoire sur les Irlandais l'an dernier, les Rochelais savent enfin qu'ils n'ont pas de complexe à nourrir contre la formation de Leo Cullen. Ils connaissent également désormais l'atmosphère des grandes finales, la pression qui peut grimper, les pièges à éviter. Cela ne garantit en aucun cas une victoire. Mais pour relever un tel défi, toutes les armes compteront.
Lorsque Ihaia West a vu trois de ses tentatives face aux perches (deux pénalités et une transformation) se perdre dans le ciel lensois, dimanche, les Rochelais ont eu une (mauvaise) impression de déjà-vu. « Je pense que son premier échec sur un tir où il était normalement facile de marquer lui a fait beaucoup de mal », a estimé Ronan O'Gara, qui a souligné que le vent avait perturbé les buteurs. Au printemps dernier, l'ouvreur néo-zélandais avait déjà connu dans l'exercice du tir des déconvenues retentissantes en finale de Coupe d'Europe puis de Top 14.
Au début de l'exercice 2021-2022, lui comme Jules Plisson avaient rencontré de nouvelles difficultés. Depuis, West, malgré une rechute à Castres durant l'hiver, s'était repris, inscrivant notamment la pénalité de la gagne à la sirène contre l'UBB (15-16, le 2 avril). Mais ses nouveaux ratés ont replongé La Rochelle dans le doute. Par ailleurs excellent animateur, le futur numéro 10 du RCT saura-t-il se ressaisir d'ici à douze jours ? Une nouvelle panne n'est pas permise contre le Leinster. « Il a complètement changé ces six derniers mois, il travaille beaucoup dans l'ombre », a assuré O'Gara.
L'Irlandais dispose d'une autre option qu'il a activée dès la deuxième période contre le Racing 92 en faisant entrer dès la 52e minute à l'arrière Pierre Popelin, à qui il a alors confié la responsabilité du but tout en maintenant West à l'ouverture. L'ancien Vannetais a alors connu du déchet (0/2) sur des tentatives lointaines ou excentrée. Il pourrait à nouveau être sollicité dans les prochaines semaines.

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