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Les Bleus sont lancés
18/08/2007 - 22:48

Par LAURENT DUYCK
De Sports.fr
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Le match à la loupe

Pour leur seul match de préparation sur le sol français, à Marseille, dans un stade Vélodrome où ils ouvriront dans trois semaines la Coupe du monde, les Bleus ont confirmé la victoire acquise la semaine dernière à Twickenham (21-15) en prenant pour la deuxième fois le meilleur sur l'Angleterre (19-9). Une conquête enfin à niveau, et ce dès le début du match, a permis au XV de France d'avoir les cartouches pour briser un rideau anglais longtemps hermétique mais impuissant face à une charge dans l'axe de Yannick Jauzion, auteur du seul essai de la rencontre.

Jauzion, ici à la passe, a fait une rentrée remarquée contre les Anglais. (La Provence)Une Marseillaise qui tombe des tribunes du stade Vélodrome à dix minutes du coup de sifflet final, des Bleus qui se congratulent à la fin du match et entament un semblant de tour d'honneur, des Anglais qui, à l'inverse, quittent la pelouse la tête basse... Un doux parfum a embrassé samedi le XV de France. Le genre de fumet, où se mêlent fierté et joie du devoir accompli, que l'on aimerait bien retrouver dans trois semaines à l'issue d'un match contre l'Argentine d'une autre importance que cette seconde opposition estivale entre Français et Anglais en pleine préparation pour l'échéance de la rentrée.

Et si Bernard Laporte, sélectionneur satisfait du comportement de ses ouailles, aura vite fait dans la semaine à venir de faire retomber le soufflé, rappelant que le champion des matches amicaux n'est pas forcément le champion du monde, on ne peut s'empêcher de croire en ce XV de France, victorieux cette année avec la manière de ses deux tests contre le XV de la Rose, là où l'équipe-type avait souffert il y a quatre ans contre les «coiffeurs» anglais à Marseille (17-16). Car au delà des résultats bruts, il s'agit bien d'une confiance accrue en vue de la Coupe du monde qui ressortira de ces deux rencontres préparatoires.

Un cinq à niveau

Une assurance que le pack français a fait bon de retrouver une semaine après avoir été bousculé dans le jardin londonien des hommes de Brian Ashton. Epié, autant par le staff tricolore que par des observateurs critiques à l'issue de la première sortie bleue, le cinq de devant, reconduit à l'essentiel mais poussé aux fesses par une troisième ligne entièrement renouvelée (Nyanga-Harinordoquy-Dusautoir), a fait au moins jeu égal avec son homologue anglais. Après avoir été mis à la faute sur la première mêlée de la rencontre, les «gros» se sont ressaisis, ne lâchant rien face à un pack anglais au sein duquel ne manquait que Chuter, forfait.

Une mêlée au point et une touche dominatrice, l'alignement anglais étant régulièrement repris à l'ordre par M. Rolland, et, comme le professait cette semaine Laporte lors des points presse, le XV de France ne subissait pas le jeu. Si Wilkinson profitait d'un ballon non relâché par Dominici pour ouvrir les compteurs sur pénalité (14e), Elissalde répliquait dans la foulée suite à une obstruction illégale de son homologue Perry sur une mêlée bleue (16e). Les Bleus, portés par le public toujours endiablé du Vélodrome, continuaient d'avancer, poussant à la faute des Anglais tout de rouge vêtus. Le demi de mêlée tricolore enfilait les pénalités comme des perles pour permettre à la France de rejoindre les vestiaires avec l'avantage du score (12-3) et du nombre, M. Rolland ayant sorti le jaune en direction de Shaw coupable d'un placage haut sur Traille (40e).

L'indispensable Monsieur Jauzion

A la pause, les spectateurs marseillais pouvaient se réjouir d'assister à une rencontre de haute intensité. Ne leur manquait qu'un essai pour chavirer totalement. Après la réduction du score au retour des vestiaires de Wilko, toujours sur pénalité, la délivrance venait de Jauzion, auteur d'une entrée remarquée, une semaine après avoir déclaré forfait à Twickenham en raison d'un dos endolori. Toujours aussi précieux de par sa capacité à fixer la défense adverse et de jouer après l'impact, le centre toulousain parachevait sa prestation d'un essai d'école sur une croisée de son futur ex-compère du Stade qui l'envoyait au pied des poteaux adverses malgré trois Anglais sur le paletot (49e, 19-6).

Pelous salue la foule du Vélodrome où il a reçu un vibrant hommage.Jouée sur un rythme étonnant pour deux équipes en pleine préparation, la rencontre atteignait alors son sommet d'intensité, le jeu basculant d'un camp à l'autre sans que les défenses, toutes deux déjà au point, ne soient pris à défaut. A l'heure de jeu, Laporte, conscient que le Vélodrome sentait bon la victoire, faisait tourner son équipe et permettait à Pelous, titulaire contre l'Angleterre de sa 112e cape internationale, de sortir sous les ovations du public. Une fois le score scellé (22-9) après une pénalité de chaque côté, le deuxième ligne toulousain pouvait revenir sur la pelouse du Vélodrome, son fils dans les bras, pour recevoir un nouvel hommage appuyé des quelque 60 000 amoureux du rugby venus gonfler les tribunes du stade. Une sorte de tour d'honneur qui n'avait rien d'un au-revoir pour l'intéressé bien décidé à se représenter dans trois semaines sur ce même rectangle vert pour entamer l'ultime quête de son immense carrière: gagner la Coupe du monde.

Ce n'est pas parce qu'il est violent que j'aime le rugby, c'est parce qu'il est intelligent.