Forum

Pichot: "Ce sera très spécial"
06/09/2007 - 18:29

Propos recueillis par MICHAEL BALCAEN
De Sports.fr
L'Argentine se prépare à disputer le match d'ouverture de la Coupe du monde contre la France, vendredi. En bon capitaine, Agustin Pichot était présent aux côtés de Marcelo Loffreda le sélectionneur argentin lors de l'annonce de l'équipe appelée à rencontrer les Bleus. De son association avec Hernandez, à son plaisir de disputer un Mondial en France, son deuxième pays, en passant par les soucis connus par l'Argentine pour exister dans le rugby mondial, le demi de mêlée n'a éludé aucun sujet.

Augustin Pichot s'attend à un très gros match contre les Bleus. (Reuters) Que pensez-vous du XV d'Argentine choisi par votre sélectionneur?
Marcelo a choisi la meilleure équipe possible. Il y a eu l'incertitude Todeschini et des blessures. On a envie de commencer cette Coupe du monde. Ce premier match est très important pour nous. Ce sera un match très spécial.

Vous allez former la charnière avec Hernandez. Qu'en pensez-vous?
Tout le monde connaît la relation qu'on a avec Hernandez. On se connaît depuis longtemps, on a déjà joué au Stade de France. Pour moi, c'est bien mais ça l'aurait été avec Felipe et Ninja Todeschini. On espère faire un match intéressant. C'est un plaisir de jouer avec Juan. Je ne suis pas son agent (*), c'est un grand joueur.

Vous attendez-vous à un match compliqué contre les Bleus?
C'est toujours compliqué contre la France! Ils vont jouer à domicile, ce sera le premier match... On connaît le potentiel de l'équipe choisie par Bernard (Laporte), elle sera très forte. On a déjà battu l'équipe de France mais pas cette équipe de France. Il faudra qu'on soit à 110%.

"Du respect entre les deux équipes"

Vous connaissez très bien les Français, vous avez des amis dans l'équipe. Qu'est-ce que cela change?
Pas grand chose. Il y a le même respect entre les deux équipes. Il y a de l'amitié entre nous mais je ne doute pas que nous serons tous à 100%. On s'est envoyés des textos, j'ai aussi parlé à Domi (Dominici). C'est ça le rugby, il y a de l'amitié, ce sera spécial. Je m'attends à un match intense et un jeu direct.

Est-il plus difficile de surprendre un adversaire que l'on connaît si bien?
C'est sûr que c'est dur de se surprendre. La surprise viendra des détails, ça se jouera sur pas grand-chose. Le match basculera sur les erreurs des uns et des autres. Mais c'est toujours comme ça.

Votre sélection a beaucoup de vécu. Est-ce la fin d'une aventure pour tout un groupe?
80% du groupe était présent en 1999. Il a fallu se battre contre tout le monde du rugby pour que l'Argentine existe dans ce sport. Aujourd'hui c'est le cas et il faut que ça continue. Pour moi, le Tournoi des VI Nations ou le Tri Nations (Les Pumas pourraient intégrer à terme l'un de ces deux tournois, Ndlr), c'est de l'utopie. Mais on a évolué et c'est grâce à la France si on est plus professionnels.

Vous avez tout de même grimpé dans la hiérarchie mondiale. L'Argentine a beaucoup changé?
Tout le monde dit que nous sommes 5e dans la hiérarchie mondiale mais ça n'a pas d'importance. Le Tri-Nations non plus. Regardez les conférences de presse de la Coupe du monde 2003 et on se posait la même question.

En Argentine, le rugby est tout de même beaucoup suivi. Y a-t-il beaucoup d'attente?
Le foot, c'est spécial en Argentine même si c'est vrai que le rugby a bien progressé. Une Coupe du monde c'est spécial, tout le monde l'attend. Si tout va bien, tout le monde va regarder le Mondial, sinon les gens regarderont la 4e division de foot (rires).

Zidane a vu l'équipe de France. Maradona s'intéresse-t-il aussi au rugby?
J'ai parlé avec Diego (Maradona) la semaine dernière et il est au courant de tout.

Pour en revenir à ce match contre les Bleus, vous allez retrouver Mignoni face à vous. Ce sera un remake de la finale du championnat...
En fait, il avait mieux joué que moi en finale. J'ai beaucoup de respect pour lui. Il donne beaucoup d'intensité, c'est quelqu'un qu'on ne doit surtout pas laisser seul car il va très vite.

"J'espère qu'il y aura 80 000 personnes pour soutenir la France"

Comment avez-vous géré la grosse préparation physique qui a été la votre cet été?
C'était dur pour un joueur de 33 ans... Pour la première fois de l'histoire, nous avons effectué une préparation intense. Du côté du rugby, cela n'a pas été très bien car nous avons seulement rencontré le Chili avec tout le respect qu'on leur doit. Ensuite, on a joué à Bruxelles qui a bien joué d'ailleurs mais finalement nous n'avons fait qu'un seul test-match contre le Pays de Galles et on a perdu (20-27).

Concernant la préparation physique, comment l'avez-vous gérée?
C'était une très bonne préparation. Mais pour être franc, pour moi, le plus important c'est le rugby. Le plus important c'est de faire une bonne passe, c'est ça qui compte!

Estimez-vous qu'il y avait des manques?
La seule chose que je peux dire, c'est qu'avant de se retrouver en juillet, le dernier match qu'on avait en commun, c'était contre les Barbarians français en mars! En mai et juin, la plupart de l'équipe est restée en France pour les demi-finales du Top 14. Regardez la France entre les tests et le Tournoi (8 matches sans compter les 2 rencontres en Nouvelle-Zélande en juin, Ndlr), Laporte a pu tester sa charnière et trouver des solutions.

Que manque-t-il aujourd'hui à l'Argentine?
J'espère pour commencer qu'on va pouvoir intégrer le calendrier international. Cela veut dire jouer sept matches de haut niveau par an. Pas quatre comme c'est le cas aujourd'hui.

Jouer une Coupe du monde en France, cela doit être spécial pour vous?
Oui, car j'habite ici depuis quatre ans. J'espère pour la France que ce sera une fête. J'espère bien qu'il y aura 80 000 personnes qui feront tout pour que leur équipe gagne. J'espère aussi que les 1 000 Argentins feront aux aussi tout pour nous.

Débuter contre la France, est-ce une bonne chose?
Ce n'est pas idéal de jouer contre le pays qui a le plus fait pour nous aider... Dans les tribunes il y aura mes amis français, ma famille et mes amis argentins. Ce sera un peu surréaliste mais c'est comme ça, c'est marrant.

(*) Pichot fait là référence aux propos de Max Guazzini, son ex-président au Stade Français qui avait laissé sous-entendre qu'il était à l'origine des velléités de départ de Juan Martin Hernandez.

réactions

Ce n'est pas parce qu'il est violent que j'aime le rugby, c'est parce qu'il est intelligent.