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"Tout allait trop bien..."
08/09/2007 - 14:08

Propos recueillis par SYLVAIN LABBE
De Sports.fr
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"Un match très tactique"

Non retenu par Bernard Laporte et son staff, Olivier Magne sera notre consultant privilégié tout au long de la Coupe du monde. L'ancien Clermontois, de retour la saison prochaine à Brive, livre son analyse sur la déconvenue des Bleus face aux Pumas lors du match d'ouverture. Pour le recordman des sélections en 3e ligne, le XV de France a été submergé par l'émotion liée à l'évènement et a souffert de son manque de joueurs d'expérience à des postes clés. Selon lui, les Tricolores ont été battus tactiquement par les Argentins.

Mignoni n'a pas trouvé les clés pour destabiliser la défense des Pumas (Reuters)."Ce matin, on souffre avec les Bleus. Je suis désolé de la tournure prise par les évènements et je compatis. Mais pour connaître le truc de l'intérieur, je dois dire que je ne suis qu'à moitié surpris. Je l'avais dit dans mes précédentes chroniques, la Coupe du monde est une compétition particulière et quand tu la joues pour la première fois, tu es forcément sous le coup de l'évènement. On a vu vendredi des joueurs complètement pris par l'émotion et la pression, complètement débordés par l'ampleur de cet évènement."

"Lors des éditions précédentes, l'équipe de France avait eu la chance de débuter face à des équipes moins réputées, mais quand on décide de jouer à domicile une Coupe du monde, et que l'on débute face à une équipe telle que l'Argentine, je crois que les joueurs d'expérience sont les bienvenus. Je ne jette pas la pierre aux joueurs qui débutaient, mais une Coupe du monde, cela reste à part. Et on en a eu la preuve vendredi... A l'image de la charnière, inhibée et méconnaissable, qui a eu beaucoup de mal. Ces joueurs, à des postes clés, se sont, malheureusement pour eux, laissés emportés par l'émotion et par l'évènement. Je n'ai rien contre David Skrela mais Fred (Michalak), qui a des fourmis dans les jambes, possède un vécu en Coupe du monde qu'il n'a pas."

"La France ne sait pas jouer ce jeu-là..."

"On attendait un match hyper tactique et on l'a eu. Et Hernandez a pu arroser au pied durant tout le match et déplacer le jeu à a guise. On n'a pas vu de joueur dans notre troisième ligne capable de mettre la pression sur Hernandez qui a joué dans un fauteuil toute la soirée derrière des avants dominateurs. Les Argentins ont fait le match parfait, comme à chaque fois que cette équipe a battu la France, à chaque fois de la même manière. On a pu des joueurs de très grande expérience, qui ont maîtrisé le match de bout en bout. On parle de non-match ce matin dans la presse de la part des Français, mais la vérité, c'est que les Argentins sont plus forts que nous à ce jeu-là. Et ce jeu-là, la France ne sait pas le jouer, même si elle essayé de leu répondre et de verrouiller ce match. Mais il n'y a pas eu la réussite escomptée sur ce plan tactique."

"Il n'y a pas eu de surprise à ce niveau-là. Notre troisième ligne était une troisième ligne défensive, la charnière était une charnière classique dans son style, le choix tactique était clair. Les Argentins, il faut les perturber et on a bien vu que ça pouvait fonctionner en seconde période quand le triumvirat Jauzion-Elisalde-Michalak a été reconstitué et que l'on a joué dans les espaces. Quand tu installes les Pumas dans un système de défense, de mêlée et de conquête, ils savent bien embrouiller les choses."

"Tout allait sans doute trop bien. A un moment, il faut que ça vive... Il faut une situation un peu instable pour créer un sentiment de rébellion. Là, on va voir une équipe de France obligée de se libérer et avec les qualités qui sont celles de nos joueurs derrière, je reste confiant. Tout n'est pas perdu. On peut encore terminer premiers de cette poule, c'est ce qui en fait d'ailleurs tout son charme. Et puis ce point de bonus est d'importance, il nous permet de rester dans la course. Il faut espérer un faux-pas des Argentins face aux Irlandais."

"Ce matin, à Marcoussis, j'imagine qu'à la vidéo, les joueurs vont éprouver énormément de regrets et se dire: « Pourquoi ne les a pas joués? » Mais se nourrir de regrets dans une Coupe du monde, ce n'est pas possible. Maintenant, il faut se lâcher pour montrer un autre visage. Que les joueurs prennent les choses en main... L'encadrement a voulu les préserver mais il y avait en fait un trop plein d'émotion. Il faut se remobiliser, c'est vital aujourd'hui!

Allez les Bleus!"

Olivier MAGNE

A 34 ans, Olivier Magne compte la bagatelle de 90 sélections sous le maillot de l'équipe de France, ce qui en fait à ce jour le recordman des sélections pour un troisième ligne. Avec deux Coupes du monde à son actif sanctionnées par une finale (1999) et une demi-finale (2003), « Charly » peut s'enorgueillir d'un palmarès exceptionnel au niveau international, auquel il convient d'ajouter quatre Grands Chelems (1997, 1998, 2002 et 2004), performance dans le Tournoi qu'il ne partage qu'avec Fabien Pelous

Ce n'est pas parce qu'il est violent que j'aime le rugby, c'est parce qu'il est intelligent.