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Pour préparer le Top 14, La Rochelle ne fait pas dans l'amical
En choisissant de ne pas disputer de match de préparation durant l'intersaison, le Stade Rochelais, finaliste du Top 14 et de la Coupe d'Europe, ouvre une nouvelle voie qui ne manque pas d'avantages.
Contrairement aux années précédentes, Brice Dulin et les Rochelais ne joueront pas de matches de préparation. (B. Le Bars/L'Équipe)
Richard Escot
16 août 2021 à 20h47
Le parfum iodé de la mouclade autour du stade Marcel-Deflandre n'enveloppera pas vos papilles en ce mois d'août. Si, pour des raisons financières, le club maritime souhaitait organiser deux matches amicaux à domicile (21 et 28 août), la date du 21 a été abandonnée dans la mesure où, revenus en ordre dispersé, les joueurs rochelais sont dans une forme physique trop hétéroclite pour être alignés. C'est aussi pour cette raison que Lyon et Toulon ont annulé leur rencontre amicale prévue ce vendredi. Côté rochelais, la date du 28 étant à la disposition du Supersevens qui fait étape, exit donc les matches de préparation.
Du coup, privés de rencontres durant les vacances, les supporters rochelais se sont rabattus sur les séances d'entraînement pour encourager les Jaune et Noir. Joueurs et staff se rendront néanmoins dans divers lieux du département, parfois en famille, à la rencontre de leur public mais, pour la première fois en Top 14, un club n'aura pas disputé le moindre match de préparation avant d'attaquer la nouvelle saison.
À quoi sert un match de préparation ?
« J'ai vu Brive contre le Stade Français en amical, et c'était du niveau d'un Pompadour-Objat. Qu'en dire ? Pas grand-chose... Une simple revue d'effectif », constate Pierre Villepreux, ancien coach de Toulouse et du quinze de France. « Disons que c'est un bon moyen d'engranger des recettes et de réanimer le feu de la passion en sortie de Covid », sourit pour sa part l'ancien coach rochelais Jean-Pierre Élissalde, qui ajoute : « Rien ne vaut un match de préparation : c'est même l'entraînement le plus important de la semaine... »
C'est aussi l'avis du manager du Racing 92, Laurent Travers : « Le premier match amical te permet de remettre tes joueurs dans le rythme et le second de leur faire intégrer les systèmes de jeu. Comme tu ne peux pas maîtriser l'adversaire, tu te mets en condition de combat, ce qui est une bonne façon de préparer ton premier match officiel. » Ce que l'ancien Francilien Pierre Berbizier confirme : « Je m'attachais à disputer deux matches de préparation pour évaluer individuellement mes joueurs en les faisant jouer trente minutes, puis en mettant en place l'équipe qui allait attaquer le Championnat le week-end suivant, de façon à ce qu'elle dispose de repères. » Et « Berbize » de conclure : « Un match, c'est comme un concours : il faut être le meilleur. Alors qu'un entraînement, c'est l'examen : il suffit juste d'avoir la moyenne. »
Un risque mesuré pour La Rochelle
Régis Sonnes, entraîneur d'Agen, considère que « le choix de ne pas se roder en match amical peut être ensuite compliqué face à des adversaires avertis qui chercheront d'entrée de saison à grappiller des points ». Risque néanmoins mesuré, selon Villepreux : « Une année, en fin d'intersaison, nous avions choisi d'affronter Port-Vendres. Ce n'était pas prendre un gros risque, et pourtant nous avons perdu (sourire) : les joueurs étaient cuits après une semaine de stage intensif. Ce qui ne nous a pas empêchés d'être champions de France ensuite... »
Pour sa part, Cédric Heymans, consultant Canal + et ancien international, considère que « le risque est davantage pour Ronan O'Gara, qui se condamne vite si jamais La Rochelle ne gagne pas » en ouverture face à son double bourreau de la saison passée, Toulouse, dimanche 5 septembre (21 h 5) à Marcel-Deflandre.
Comment composer avec ce manque ?
« Aujourd'hui, avec un effectif de plus de quarante joueurs pro, il est possible d'effectuer des entraînements à balles réelles avec opposition sur trois périodes de trente minutes, ce qui permet d'arrêter le jeu pour corriger tel ou tel placement, remettre des options en place, ce qui est très efficace », précise Jean Guibert, ancien coach de Dax aujourd'hui préparateur mental. « En refusant les matches amicaux, le staff rochelais s'évite aussi de dévoiler son nouveau style », glisse encore Heymans.
« La (dernière) saison des Rochelais a été longue, avec beaucoup de matches, dit de son côté Philippe Saint-André, le manager de Montpellier. Le staff veut faire souffler ses joueurs. Et sans doute travailler les nouvelles règles à l'abri des regards. » Ce qui est le cas puisque, d'après nos informations, Ronan O'Gara (ancien demi d'ouverture international irlandais) et son staff familiarisent leurs joueurs, au milieu de plots disséminés sur le terrain, avec la règle « 50-22 », qui fait la part belle au jeu au pied tactique, à la pression défensive et à la récupération du ballon.